J'ai passé une partie de l'après-midi à mettre à jour mon blog et à jouer quelques mélodies sur ma guitare. Ayant fini avec une légère fatigue, je vérifie l'heure et m'assure que je peux profiter d'une petite heure de sommeil avant mon rendez-vous avec Luke. Il me manque. Chose étrange à dire alors que je vis avec lui et qu'on se croise tous les jours, mais nos contactes se limite à ça depuis peu. Nos petites soirées en toute simplicité devant un épisode de nos séries préférées me manquent. Je dois être habituée vue le temps que j'ai pu passer à l'hôpital, mais je ne sais pas. Il me manque c'est tout. Aussi je suis tout ce qu'il y a de plus pressé de le rejoindre au café et en pleine forme serait le mieux. Je ne veux pas qu'il passe l'après-midi à s'inquiéter pour moi à cause de ma petite mine. Je ne tarde pas à succomber à l'appel de Morphée et ne semble réagir qu'après une énième sonnerie de réveille. Déjà en retard, je me prépare à la hâte. Je me change rapidement pour enfiler un jean et un débardeur surmonté d'un simple chemisier. J'enfile mes  chaussures et m'empresse de sortir, sac en mains. Hélas, à la moitié du chemin, tandis que je veux envoyer un message à Luke pour le prévenir de mon retard, je me rends compte que la maladroite que je suis à oublier son téléphone sur ma table de chevet.

J'accélère la cadence comme je peux, sans trop forcer pour éviter d'arriver complètement exténué. Finalement, au loin, à la terrasse du café convenu j'aperçois Luke qui me fait signe. Un sourire se dessine sur mon visage. Un sourire qui ne tarde pas à s'effacer. Un bruit sourd résonne non-loin et je n'ai pas le temps de réagir. La déflagration me propulse en arrière. Mon coeur s'accélère violemment, je suis prise d'une quinte de toux horrible tandis que je n'entends que bourdonnement. Je me redresse et regarde autour de moi. Tout le monde panique, cris le nom de leur proche et je cherche désespérément Luke du regard. Les larmes me montent aux yeux pour se déverser comme des torrents sur mon visage rendant ma respiration plus difficile encore. Mais, je n'en ai que faire. Mon esprit est concentré sur mon aîné, rien de plus. Je me relève et marche maladroitement jusqu'au lieu où se trouvait Luke quelques secondes auparavant.  « LUKE !!  » Un cris qui déchire ma gorge tandis que je me dirige tremblante vers mon jumeau, à terre. Oh mon dieu ! Qu'est-ce que je dois faire?! Je ne cesse de répéter son nom entre deux sanglots en espérant qu'il ouvre les yeux et je l'inspecte encore et encore.  « Luke ! Réveille-toi, s'il te plait. » Je panique. Ce n'est clairement pas la meilleure solution, mais je n'y arrive pas. Je ne peux garder mon calme. Pourtant, je le dois. Me montrer forte pour toutes les fois où il a été fort pour moi.  « Il y a quelqu'un?!  » Un appel à l'aide désespéré qui semble, hélas, se perdre dans la panique ambiante.

La journée a basculé si aisément que j'ai encore du mal à réaliser le déroulement de cette dernière. Elle avait commencé aussi ordinairement que chaque journée qui avait bien pu la précéder. J'avais profité d'une petite sieste avant mon rendez-vous avec mon jumeau qui malgré le fait qu'on vivait ensemble me manquait atrocement. Depuis quelques jours, nos échanges s'étaient limités aux bonjours et aux bonnes nuits. Les instants passés en sa compagnie comme autrefois, nos soirées télévisions, nos repas. Un rien me manquait. J'avais vécu avec son unique compagnie depuis si longtemps qu'il en fallait bien peu pour que je ressente ça. Aussi, j'étais particulièrement pressés à l'idée de ce rendez-vous. Hélas, pour la première fois, je suis en retard.

Je me dépêche de me préparer à la hâte, sans tomber ou m'épuiser à mi-chemin. Je suis à quelques pas du café convenu, qu'au loin, j'aperçois Luke. Chose qui me semble être réciproque puisque qu'il me fait un signe de la main. Un sourire se dessine sur mon visage tandis que je lui rends se salut prête à m'élancer sur la chaussée lorsque tout bascule. Un bruit sourd, une explosion. Le souffle de certes dernières me projette en arrière et il me faut bien longtemps pour que je puisse reprendre mes esprits, pour que le sifflement cesse au profit d'une panique grandissante. Une crise de toux me déchire la gorge tandis que des larmes me montent aux yeux. Tous paniquent autour de moi tandis que je cherche mon aîné du regard. J'ai mal un peu partout, mais à cet instant ma douleur passe en second plan pour laisser place à une profonde inquiétude. Je cherche mon frère du regard, mon coeur s'accélère violemment et lorsque je reconnais son corps inconscient, je cède à la panique. Dans un mouvement trop rapide, trop maladroit, je me relève et avec une grimace de douleur et d'inquiétude, je me précipite auprès de mon jumeau. Son prénom m'échappe dans un cris qui me brûle plus encore la gorge. Je me laisse misérablement tomber à ses côtés, complètement paniqué. Je ne cesse de répéter son nom encore et encore en espérant que cela suffise à le faire ouvrir les yeux et lui faire prononcer une blague, n'importe quoi de rassurant dont lui seul avait le secret. Il avait toujours prit soin de moi et maintenant que les rôles étaient inversés, je ne me sens absolument pas à la hauteur. Je tremble, secouée par mes sanglots qui rendent pas respiration plus difficile à chaque minute qui s'écoule. Il doit ouvrir les yeux. Dans un cris désespéré, j'appelle à l'aide. Un cris qui se perd dans la panique.

Je sursaute lorsqu'une voix familière résonne à mes côtés. Je me tourne vers Amy les yeux embrumés, mais ma réponse se perd au milieux de mes sanglots. Je ne sais pas. Je ne sais pas... Soudain, une nouvelle présence féminine se fait sentir au côté de mon frère, une jeune femme brune, une militaire d'après sa tenue. Lorsqu'elle affirme que Luke est en vie, mon coeur s'apaise, mais bien trop peu. Il ne pourrait pas s'apaiser tant qu'elle n'aura pas ouvert les yeux. Lorsque le soldat reprend la parole, elle semble me connaître. Eileen. J'acquiesce d'un simple signe de la tête, oui, je la reconnais. Hélas, mon geste n'est pas vraiment le bienvenue et mon corps me le fait savoir. Tant pis. je reporte mon attention sur Luke et rechigne à m'éloigner lorsque Eileen m'aide à me relever pour m'éloigner de mon frère qui est prit en charge par un médecin. Il me faut quelques instants pour poser mes yeux sur la jeune femme qui me demande si j'ai mal quelque part. Partout. Mes muscles rechignent, je suis à bout de force et mes mains comme mes genoux sont légèrement égratignés, mais je n'ai rien qui ne faille la peine qu'un médecin s'attarde sur mon cas. Etrange pour une personne comme moi, mais c'est mieux ainsi. « Non, ça va. » Répondis-je finalement avant de reporter mon attention sur mon frère en tentant de respirer correctement. Je dois tenir le coup, il me faut.

Mon coeur accélère violemment. Ma respiration se fait difficile, saccadé. Les larmes s'écoulent le long de mes joues et rien ne semble pouvoir les arrêter. Je ne prête plus la moindre attention à ce qui se déroule autour de moi. A travers mon regard embrumé, tout ce que je peux voir est Luke, allongé sur le sol. Il ne bouge pas. Une simple information qui suffit à me faire paniquer comme une folle. Je ne peux pas imaginer le pire, je ne pourrais pas le supporter. Il est plus fort que ça. Il est obligé de se réveiller. Je panique encore lorsqu'Amélia se laisse tomber à mes côtés. Je lui adresse à peine la parole. Je n'arrive pas à aligner deux pensées cohérentes. Je panique purement et simplement. Seul les mots d'une amie à mon aîné semble se frayer un chemin jusqu'à mon cerveau pour me rassurer un minimum. Il est en vie. De nouvelles larmes perlent sur mes yeux, un médecin nous rejoint et je rechigne à abandonner mon frère. Je n'ai pas la force de repouser la poigne qui m'éloigne de mon jumeau. Je réponds à peine lorsqu'on me demande comment je vais. Je n'ai rien, rien d'important. Quelques coupures sur les genoux, les paumes de mes mains, une légère bosse, rien de plus hormis la panique qui me gagne. Soudain, une voix familière résonne non-loin. Une voix faible qui me déclenche une nouvelle crise de larmes. Ma réaction est instinctive, je m'avance à nouveau de Luke, ne laissant à personne l'ocsasion de me rattraper pour lui laisser de laisser.  « Luke... J'ai... J'ai eu tellement peur... » Des mots qui s'échappent entre deux sanglots qui me secouent. Je resserre mes poings, tremblante, combattant l'envie de le prendre dans mes bras comme lorsque nous étions enfant.