Une fin de semaine plutôt exceptionnelle s’annonçait pour Ivan. Il avait reçu une convocation de la part d’un cabinet d’avocat de la ville, il avait soupiré en ouvrant la lettre cinq jours plus tôt. Alors qu’il s’étirait dans son lit pour ensuite éteindre son réveil il se levait et faisait face à sa chienne qui était postée derrière sa porte. Il la laissait rentrée avant de passer une main sur sa nuque et d’échauffer ses muscles pour les détendre. Le brun avançait lentement jusqu’à sa salle de bain, il prenait son temps car il n’était ni de garde ni de patrouille ni de permanence, en somme il ne travaillait pas et donc il pouvait se détendre un minimum. Il entra alors sous la douche et ne tarda pas avant de ressortir, il passa sa serviette sur sa taille et sorti un costume simple, sans cravate, à chemise noire. Alors qu’il s’habillait calmement il jeta un regard sur son lit où sa chienne avait prit place, il leva les yeux au ciel et boutonna sa chemise en descendant les escaliers en silence.

Le soleil était bien présent alors lorsqu’il appuya sur la commande d’ouverture des volets la lumière fût très vite intense. Il ouvrit sa baie vitrée qui donnait sur sa terrasse et alla ensuite se préparer un café noir. Il avança une main dans sa poche de pantalon, l’autre sur son mug qu’il portait à sa bouche. Il regarda longuement le paysage, la brume qui se levait sur le lac et les arbres puis il fit rouler sa tête en grimaçant, avant d’entendre son téléphone sonnait. Il soupira d’un air dépité, il rentra alors pour vérifier son cellulaire et éteignit l’alerte de son agenda. Ses yeux bleus se levèrent sur la pendule, il ne devrait pas tarder, il était toujours à l’heure depuis des années.  

Il attrapa alors ses clefs de voiture et sa veste qu’il avait déposées sur le dossier de son canapé. Il la passa sur son épaule et prit son porte feuille avant de sortir après avoir clos sa demeure. Ivan savait que cette convocation était une préparation pour un procès à venir, ce n’était pas le premier auquel il assistait mais déjà celui de trop concernant la même personne. Il conserva son air consterné et prit la route pour se garer en ville et pénétrer dans le cabinet d’avocat. Le brun déposa sa convocation et s’annonça avant de devoir patienter pour qu’on prévienne le juriste chargé de l’affaire pour laquelle il était ici.

Ivan restait debout, face aux droits de l’Homme affichés sur le pan d’un mur, les bras croisés contre son torse et le menton droit, comme à son habitude.

Ivan se tenait droit, les bras croisés face à cette affiche, le visage fermé. Silencieux, il lisait quelques lignes pour ignorer la légère attente qu’il devait traverser. Extérieurement il était l’exemple même du respect de ces lois, aux yeux du monde il faisait partie de la fierté des nations unis. Intérieurement il avait ce léger rire sacarstique, ces droits de l’Homme il n’en avait jamais vu la couleur lorsque son père, son ami et toute son équipe s’était faite tuée, ni d’ailleurs quand un gamin de 8 ans lui tirait dessus avec une K47. Tout ceci était pour lui une jolie peinture à exposer face au monde entier pour rassurer les gens et leur montrer que leur monde et beau.

Ce monde si magnifique qui d’ailleurs abrite une espèce horrible qui n’est autre que l’humain. Ivan ne serait pas venu pour témoigner pour une simple affaire de violence ou de drogue…mais dans le cas présent, sa recrue avait agressé une jeune femme non seulement physiquement mais sexuellement et ça, pour le Major, c’était un acte qui passer outre tous les principes militaires qui soient. Sa présence était donc justifiée, et de plus, il allait s’assurer que ce soldat ne verrait plus un seul treillis de sa vie.

Ivan entendit son nom, et vit une jeune femme brune apparaître devant lui, il resta d’abord silencieux et prit ensuite sa main pour la serrer légèrement.

« Major. »

Corrigea-t-il calmement. Ce n’était pas de la prétention, mais c’était son identité, et c’était ce à quoi il se rattachait depuis ce qui lui était arrivé.

« Enchanté Maître Sawyer. »

Il la fixa un moment avant d’hocher simplement la tête. Il emboita alors son pas en avançant jusqu’à son bureau, devant un des sièges présents. Il attendit que l’avocate lui donne l’autorisation, mais il patienta qu’elle soit assise avant de pouvoir lui aussi s’assoir. C’était devenu une habitude pour lui, les règles de politesse étaient comme encrées dans son esprit lorsqu’il se trouvait face à une personne. Le brun savait aussi être normal, mais dans le présent cas, l’importance des deux parties valait ces agissements.  Le militaire restait droit, assit face à la jeune avocate qui le regardait. Il appuya alors ses coudes sur les deux accoudoirs et joignit ses mains calmement.

« Je vous écoute. J’imagine qu’il faut faire le point sur ce dossier Maître. »

Ce n’était pas la première fois qu’Ivan se retrouvait ainsi, dans un costume de marque italienne par-dessus une chemise immaculée, le visage sérieux plus que d’habitude, celui qu’il arborait lorsqu’il était face à une personne sérieuse. Il aurait voulu ne jamais mettre les pieds dans un cabinet d’avocat, ou plutôt, ne pas en connaître un à l’âge où il l’avait fait, lorsqu’il était plus jeune. Testaments, dossier et rapport sur un décès, le sien. Le Major avait été jugé mort durant plusieurs mois avant de devoir reprendre une vie détruite.

Les mains jointes face à lui, les coudes sur les accoudoirs de son fauteuil, il fixait sans méchanceté la brune qui avait prit place derrière son bureau. Il eut un léger hochement de tête lorsqu’elle lui confirma la nature privée de cet entretien. Rien de surprenant, il le savait de toute façon, sa voix compterai dans ce procès et il le savait pertinemment.

Le brun ne regarda pas le dossier, simplement la jeune femme qui le feuilletait pour trouver les photos du corps meurtrie de la victime. Elle prit grand soin a les disposer devant lui, en évidence pour qu’il les voit distinctement. Aucun mouvement ne prit possession du corps du militaire, il baissa les yeux sur les clichés, et les détailla rapidement. Il les connaissait, il avait lu le dossier et le connaissait déjà depuis qu’il avait était rédigé. Il releva ses yeux bleus vers l’avocate et l’écouta. Il connaissait la stratégie de la police, des juges et des avocats : les photos des victimes pour atteindre la sensibilité du convoqué. Seulement, aucune réaction n’apparût sur le visage du brun, il restait sérieux, sans être dur, simplement attentif. A lui seul il avait perdu plus de sang et eut plus d’os cassés, plus de plaie ouvertes qu’une personne pouvait supporter. Certains se vantaient d’avoir vu la guerre, des mort s’entassaient, et bien qu’Ivan l’avait tout aussi bien vu, il avait était immunisé bien avant par sa propre expérience.

Le trentenaire releva le menton à la fin de la phrase de la brune diplômée. Il tourna ses iris sur le verre d’eau qui se déposait devant lui et offrit un court et simple :

« Merci. »

Il prit une inspiration silencieuse et annonça :

« Vous savez, Maître, je ne considère plus l’accusé comme un soldat ni comme une personne morale. J’ai établit, rédigé et envoyé son dossier de déshabilitation. Il ne sert et ne servira plus jamais ce pays, ni aucun autre. Il est donc exclu qu’il soit jugé au tribunal militaire, cet homme aussi écœurant soit il, est à vous. Si je peux vous aidez à le mettre sur un lit pénitencier, je le ferais avec plaisir Madame. »

Il ne bougeait pas mais appuyait ses dires par ses expressions et sa voix grave, assurée. Il décroisa simplement ses mains et déplaça le verre sur le côté pour bénéficier de plus d’espace face à lui.