Les relations familiales n'ont jamais figuré en tête de nos priorités. D'ailleurs, ma famille se limite uniquement à mon géniteur et ma défunte génitrice. Fille unique et dernière héritière de notre patronyme je n'ai pas eu la chance - ou plutôt l'opportunité de grandir au sein d'une grande-famille unie. Les Dawkins sont plutôt étalés ; si éparpillés dans le monde entier qu'aucun des membres ne semblent accorder d'importance aux relations familiales. Et quand gamine pas plus haute que trois pommes j'entendais mes quelques amis étaler leurs relations avec leurs grands-parents, je n'avais quant-à-moi que quelques coups de fils. Une à deux fois par ans, pour célébrer un anniversaire dont la date exacte figurait sur un calendrier, ou pour un noël qui ne serait jamais 'familiale'. Quelques cartes postales, des virements bancaires, et quelques coups de fils, une jolie relation à distance. Et si l'on peut croire que cette situation à longtemps peser en mon esprit, il n'en est rien. Je me contentais, et je me suffisais amplement de mes relations familiales centrées sur mon père et ma mère. Un père qui enchaînait les missions en nous entraînant parfois à l'autre bout du monde. Des voyages, et des au revoir. Des craintes, et des retrouvailles. Et une génitrice aux aguets de mes besoins, mais dont la maladie a empêché de demeurer d'avantage à nos côtés. L'éphémérité de la vie et ses aléas.

Des portes d'embarcations, des nouveaux environnements, de nouvelles têtes, un brin d'appréhension et puis la vie reprends son cours jusqu'au prochain déménagement. Être fille de militaire n'est pas toujours simple, c'est une vie remplie d'aléas. On ne sait jamais réellement combien de temps on s'éternisera en ville, ni même quand est-ce qu'on repartira. Alors on apprend à vivre différemment, à s'ouvrir plus rapidement aux autres et à s'adapter aux différentes cultures. On vit au jour-le-jour, sans penser aux lendemains incertains et en profitant de chaque instant. C'est parfois déconcertant d'arriver dans un lieu en sachant pertinemment qu'on n'y restera pas. Et si en étant plus jeune je craignais les au-revoir, ils ont finis par faire partit de la banalité de ma vie. Une banalité qu'on accepte, qu'on apprend à digérer. Néanmoins, certaines choses de notre passé demeurent fermement ancré en notre être. Alors, on apprend à ne pas regarder en arrière pour pouvoir survivre.
   

Les déménagements incessants et les histoires d'amours sont incompatibles. On s'attache, on y croit, et puis le déménagement marque une brutale rupture. Une rupture indésirable, un dommage collatéral. Certes, on ne peut parfois guère lutter contre les sentiments, mais j'ai toujours été dans la capacité de dissimuler mes envies pour ne pas tomber une nouvelle fois. Il y a des conquêtes sans conséquences, des jeux de séductions, mais aucunes histoires qui ne valent la peine d'être racontées. Et puis, à force je me suis presque habituée à ma vie de célibataire. Être libre, profiter de quelques instants sans mettre notre coeur en jeu, sans jamais ô grand jamais risquer de s'ouvrir à un ignare qui ne se privera pas pour nous briser le coeur.

Une véritable petite autodidacte qui a d'abord été confronté à un enseignement privé , des cours par correspondance en raison des indénombrables déménagements. Et puis les années passent, et les cours élémentaires deviennent plus compliqués. Et si j'étais persuadée de pouvoir parfaitement continuer dans ma lancée, ma génitrice a insisté afin que je rejoigne le véritable système scolaire. Le Lycée. Un nouvel environnement plus hostile que je ne l'aurais cru. Et si je savais parfaitement m'abonner aux bonnes notes, j'avais cependant quelques difficultés à rester patiemment sur ma chaise pour écouter un professeur déblatérer. A mes yeux, l'école n'était qu'une vulgaire perte de temps. Alors, entre quelques bavardages, quelques cours séchés à la volée j'apprenais de nouvelles choses. Je ne faisais guère partie des populaires, de ceux qu'on idolâtre, mais je ne figurais pas non-plus dans la liste des éternels "looseurs" ; ces incompris. Et si j'étais partie dans des études d'art du spectacle, pour exercer ma passion de la danse, les aléas de la vie m'ont amené à revoir mes plans. Et la mort de ma génitrice a fini par me donner le goût d'un métier plus rationnel. Les pas de danses ce sont transformés en cours de médecine. Aujourd'hui, je ne regrette pas mon choix. J'ai eu la chance de faire ce que je souhaitais.

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