Il fallait absolument que je me muscle. Je ressemblais à une crevette depuis toujours, et même si j’étais forte en endurance, il ne fallait pas oublier la musculation pour autant. Je profitais de la fraîcheur matinale pour m’entraîner un peu à l’extérieur, préférant largement la verdure à la salle de muscu’. Nous étions dimanche, et le dimanche était un jour de repos, en théorie. Sauf que moi, j’étais beaucoup trop motivée pour me reposer, et faire du sport me faisait le plus grand bien. Ca défoulait. Il était à peine neuf heures du matin, mais je m’entraînais depuis une heure déjà et je commençais à être courbaturée de partout. Je rejoignis en courant d’un rythme régulier l’arbre le plus proche et sautai pour attraper la branche la plus basse. Qui n’était pas si basse que ça, au final, mais c’est juste parce que j’étais toute petite. Mission tractions. A l’aide de mes bras, je me hissai jusqu’à avoir le menton au-dessus de la grosse branche, puis redescendis. Après six tractions je me mis à grimacer et me mordis la joue, avant d’en refaire une septième, déterminée. Le bois m’écorchait les mains, mais ça je m’en fichais royalement, la douleur ne me faisait pas peur.

Les muscles déjà endoloris, je lâchai la branche, perdis l’équilibre et me retrouvai les fesses au sol. Je soupirai et fourrai ma tête dans mes mains pendant quelques secondes, essoufflée. J’avais du boulot. Sept tractions c’était nul, vraiment nul. Après quelques minutes, je me levai et refis mon chignon d’un geste habile, avant de regarder autour de moi. Le terrain d’entraînement était désert. J’étais la seule folle à se tuer un dimanche. « C’est pour toi que je le fais, papa. » chuchotai-je doucement, un léger sourire aux lèvres.

Je m’étirai les muscles pendant quelques instants, puis fus prise d’une envie de réessayer les tractions. Dans un état pareil je réussirais à n’en faire que quelques unes, mais je n’avais rien à perdre, et puis maintenant que j’étais vraiment motivée… fallait en profiter. Je soupirai, jetai un coup d’œil à mes mains – écorchées, mais pas ouvertes – puis agrippai à nouveau la branche pour me hisser, respirant fortement pour ne pas m’étouffer avant la fin de l’entraînement.