Aujourd'hui, mercredi, il n'y avait cours que durant la matinée. Et heureusement car, je n'étais pas forcément d'humeur à m'occuper de ma classe une journée entière. Même si je devais avouer qu'aujourd'hui mes élèves avaient été de vrais petits anges, ils n'avaient que très peu parlé, malgré quelques uns tout de même, et avaient fais correctement leur travail. Non, j'étais vraiment contente d'eux aujourd'hui. Après avoir fais une dernière dictée et qu'ils aient défilé devant mon bureau afin de la faire corriger, je notais les devoirs pour demain au tableau, vérifiant rapidement leurs cahiers de texte afin d'être sûre que chacun avait tout noté correctement, et leur demanda de ranger leur affaire avant d'aller se ranger par deux devant la porte d'entrée de la classe. Pendant ce temps, j'effaçais le tableau, et rangeais moi-même mes affaires, avant de les faire sortir dans la cours, et d'aller jusqu'au portail avec eux, qui étaient toujours en rang.

Il y avait déjà certains parents, et, en vérifiant, je les laissais partir soit vers leurs parents, soit vers le bus qui allait les ramener chez eux. Il n'en restait plus qu'un, un petit garçon, Matthew, il était plutôt du genre à se battre dans la cour de récréation et à ne pas travailler en classe, mais c'est vrai qu'aujourd'hui, il avait particulièrement bien travailler en comparaison des autres jours. Sa mère venait toujours me parler à la fin de la classe, afin de savoir comment c'était passé la journée. Je savais très bien qu'elle était impliquée dans la scolarité de son fils, et qu'elle essayait tant bien que mal de le faire travailler à la maison. Mais Matthew était bien trop énervé pour faire quoique ce soit, il était à la limite de l'hyperactivité et il avait donc des difficultés à se concentrer sur les tâches à faire. Je discutais donc avec sa maman depuis bien cinq bonnes minutes, ne nous rendant pas compte que Matthew se dirigeait vers la route en s'amusant de sauter de pavé en pavé, son cartable sur le dos.

Alors que je discutais avec la maman, ne voyant pas l'enfant puisqu'il se trouvait légèrement derrière elle dans la rue, lui disant quel comportement exemplaire il avait eu aujourd'hui, j'entendis quelqu'un nous crier dessus. Je me retournais alors, découvrant un jeune homme qui venait de reposer l'enfant au sol. « Idiote », c'était le mot. Oui, elle se sentait idiote de n'avoir pas vu ça. Bien sûr, elle n'était plus « officiellement » responsable de ce qu'il pouvait arriver à Matthew puisque sa mère était venue le récupérer. Mais elle s'en serait tellement voulu s'il lui était arrivé la moindre chose. La mère du petit garçon attrapa donc son fils, elle avait eu peur elle aussi, sa voix tremblée quand elle lui ordonna de ne jamais s'éloigner d'elle et de toujours faire attention à la route, que les voitures roulaient vite, malgré le panneau qui annonçait une sortie d'école. Elle remercia alors le militaire vivement, avant de nous dire « au revoir », remerciant une nouvelle fois l'homme d'avoir sauvé la vie de son fils. Je me tournais alors vers celui qui nous avait crié dessus, et pour une bonne raison, je devais l'avouer. Même si me faire traiter de folle ne me faisait jamais plaisir, je ne pouvais qu'admettre que là, j'étais en partie responsable.

Merci. C'est pour ça que je préfère toujours discuter dans la cours plutôt que dans la rue.

Je lui lançais en passant une main sur ma nuque, chose que je faisais généralement lorsque j'étais gênée. Et j'avais de quoi l'être ! En tant qu'institutrice, je ne devais pas laisser ce genre de choses arriver. D'ailleurs, ça ne m'était jamais arrivée. Ce n'était pas vraiment un bon jour il fallait croire...

Des policiers devant son école ? Est-ce que c'était bien nécessaire ? De toute façon, je ne comptais pas refaire deux fois la même erreur. Non, désormais, même si les parents étaient là, je garderais un œil sur eux. Remarque... d'autres paires de yeux pouvaient s'avérer plus qu'utile.

« Oui, vous avez peut-être raison. » Je te répondis en haussant légèrement les épaules. « Enfin, pas besoin de beaucoup de personnes en plus je pense. »

Je rajoutais, ne voulant pas me retrouver avec quatre ou cinq policiers devant l'école où je travaillais. Ils seraient capables d'effrayer les enfants et les parents. Un seul suffirait amplement d'après moi car je ne laissais jamais sortir les enfants en dehors de la rue si je n'étais pas sûr que les parents soient là, ou bien que le chauffeur de bus les réceptionnait. J'étais tout de même responsable. Mais c'est vrai que nous ne sommes jamais à l'abri d'un accident comme il y aurait pu avoir aujourd'hui. Heureusement, nous avions évité le pire.

Je t'adressais un petit sourire à ta remarque. C'est vrai que ça m'avait fais peur de voir que j'avais pu être la spectatrice d'un accident, mais ça allait. Matthew n'avait rien, et ne recommencerait sûrement pas de si tôt. Je fus un peu surprise que tu me dises de venir m'installer à table avec toi, mais après tout, pourquoi pas ?

« Oui, pourquoi pas, je voulais manger en ville de toute façon. Laissez-moi juste récupérer mes affaires. »

Je te répondis après avoir hoché la tête positivement. Je retournais dans la classe rapidement, prenais mes affaires et sortit de l'école, croisant le directeur dans les couloirs, je lui expliquais rapidement l'incident qui venait de se produire, et lui parlais rapidement de ta proposition qu'il accepta. Je revenais alors vers toi en enfilant mon gilet.

« Désolée. », mexcusais-je du léger temps d'attente. « J'ai croisés le directeur de l'école et je lui ai raconté ce qu'il s'était passé. Et du coup, il est d'accord pour les policiers. Vous pensez que ce sera accepté ? »

« D'accord, merci beaucoup en tout cas. Je pense que je m'en serais voulu à vie s'il était arrivé quelque chose à Matthew. »

Je te répondis, ayant réellement eu peur après tout ça. Non, c'était sûr que désormais, je discuterais avec les parents dans la cour et pas ailleurs. C'était bien trop risqué avec la route juste à côté et où les gens au volant accéléraient généralement puisqu'il y avait un feu rouge à à peine 500m de là.

Alors que je revenais en m'excusant auprès de toi, je me rendis compte que je ne savais même pas comment tu t'appelais. Avec tout ça, je ne m'étais même pas présentée. Tu me proposas de prendre mon sac où il y avait tout les cahiers de dictée des élèves à corriger ainsi que mes propres affaires, et j'acceptais car c'est vrai qu'il était assez lourd.

« Merci, c'est gentil. Au fait, je m'appelle Alexandra. Alexandra Serov. »

Je te lançais avec un léger sourire, remettant mon sac à main sur mon épaule, lui était beaucoup moins lourd. J'avançais alors à tes côtés en direction de la fameuse table dont tu avais parlé. Je t'écoutais, hochant la tête lorsque tu me parlas du mail.

« D'accord. Il faudra que vous me donniez l'adresse de votre chef pour que la passe au directeur et qu'ils regardent directement ensemble. » Je regardais ensuite dans la direction que tu me montrais, découvrant, en effet que le bouton de mon chemisier était ouvert. Heureusement, ça ne dévoilait pas grand chose, mais quand même... « Oh... désolée. »

Je lançais en refermant ce maudit bouton.