Je me présente Morgan J. Innes. Je suis né(e) le 06/03/1971 à Inverness, ce qui me fait 44 ans et promis, j'ai toutes mes dents ! Je suis en ville depuis 2 ans. Pour moi, les plus sexy sont les être humain, les animaux ne sont pas mon genre et je suis actuellement célibataire. Je suis artiste peintre & Libraire et j'aime ce que je fais. Oh je vous ai pas dit... j'ai un don de Mémoire décuplée. Niveau caractère, on dit de moi que je suis calme, serviable, douce mais également lunatique, distante ainsi que froide. On me dit souvent que je ressemble à Charlotte Gainsbourg mais en plus canon évidement. Et dernière petite info', j'appartiens au groupe That's What Makes the World Go Round et je suis un personnage inventé.
 

Ma famille ?

Hm... Une bien grande histoire que celle-là. Ce n'est jamais facile d'en parler mais si j'y suis obligée alors d'accord.

Je suis née en Mars, je crois qu'il faisait froid ce jour-là. Cadette de quarte frères, ce ne fut pas toujours évident de me faire ma place. Mes parents ayant déjà beaucoup de travaille avec mes frères, je fus celle de trop.

De trop, voilà une manière de résumer bien juste ma vie au sein de ma famille. Catholiques très pratiquants, mes parents ne comprenaient pas ma manière à toujours vouloir m'habiller en garçon. Pour moi, cela coulait de sens, avec mes frères comme seuls amis, je voulais leur ressembler voilà tout.

C'est avec mon frère aîné que j'ai étonnement eu les meilleurs contacts. Lui qui avait 8 ans de plus que moi prenait un grand plaisir à me prendre avec lui lors de toutes ses vadrouilles dans les environs d'Inverness.

Un jour pourtant, j'entendis des cris dans la cuisine et du haut de mes 10 ans, je me suis faufilé entre les marches d'escalier pour les écouter. Je ne me souviens pas de ce que j'ai entendu, la seule chose dont je me rappelle fut que ma mère avocate au demeurant, m'expliqua que plus jamais je ne reverrais mon grand frère car il avait péché et que ce pécher ne pouvait être pardonné.

Ce ne fut que des années plus tard que je compris la soi-disant erreur de mon cher frère, il aimait les hommes.

Quelle drôle d'idée, il m'arrive aussi d'aimer les hommes pourtant.

C'est peut-être pour cela que je suis partis moi aussi.

Si vous le permettez, Monsieur, je m'arrêterais là pour l'instant.


 

Mon passé ?

Et bien, je dirai que l'école fut pour moi une sorte de bulle, une sorte d'endroit en sécurité mais dénudée du moindre intérêt.

Non, en effet, je n'ai jamais eu d'ami à l'école, pas que j'en voulais, je vous rassure. Mes camarades m'ignoraient, certains même m'avouèrent ne pas m'avoir remarqué avant trois ans de classe ensemble. J'étais comme invisible.

J'avais pour autant de la chance car étudier était un jeu d'enfant pour moi et ce, jusqu'à la fin de mon cursus universitaire. Jamais je n'ai éprouvé la moindre difficulté.

Je crois que c'est vers mes 14 ans que je me suis rendu compte que mon attirance pour les femmes n'était pas ce que l'on pourrait qualifier de normal.

Ce fut une fille de mon club de littérature qui me tapa à l'oeil, avec ces cheveux courts, ses yeux bleus et son regard taquin. Encore aujourd'hui, je n'arrive pas à comprendre la raison pour laquelle elle s'était inscrite à ce club, elle qui n'appréciait vraiment que la natation.

Si cela vous va, je vous raconterai la suite lors de notre prochaine séance. Merci.
 

Son nom ? C'est un secret bien gardé !

Un secret parce que si je vous le dis, il perdra de sa valeur, de sa pureté, vous comprenez ?

Moi-même je ne l'ai prononcé que trois fois dans ma vie, comprenez comme c'est un bien précieux ?

Je la revois m'attendre une fois à la sortie des cours, elle et son sourire enivrant. Elle chuchota mon nom du bout de ses lèvres. Nous marchâmes jusque chez elle sans un mot. Cette fameuse fois, lorsqu'elle me dit au revoir, ce fut ma bouche étonnée qui reçut son doux baiser.

Avant d'aller plus loin, il me faut vous préciser quelque chose, elle est sourde. Oui, sourde, mais cela ne fait pas d'elle une muette, au contraire. Il faut juste du temps pour se familiariser avec son timbre de voix qui ressemble à souffle tinté de mer. C'est normal après tout, quand tu n'as jamais pu entendre, comment comprendre le fonctionnement des cordes vocales avec perfection ?

Sa famille accepta étrangement bien notre relation. Malgré ma peur de leur réaction, j'ai accepté son envie de leur dire la vérité aux bouts des quatre premiers mois que nous étions ensemble. Sa mère était une femme d'une douceur, un immense contraste entre ma mère et la sienne. Elle était psychiatre au sein d'un hôpital spécialisé dans les troubles de comportement à Inverness.

Je dois dire que peu à peu, je me mis à habiter chez eux, de toute manière, mes parents ne savaient faire la différence, je suis invisible, vous vous souvenez ?

'' L'homosexualité n'est pas une maladie, tu le sais Morgan ? Quel dommage que tes parents ne l'aient pas compris avec ton frère. ''

Voici la phrase qu'elle me dit, un soir alors que ma chère et tendre était déjà monté se coucher. Ce fut pour moi un choc, je crois. Je ne sais plus, tout ceci est si lointain à mes yeux.

Peux-être que je ne veux plus m'en souvenir Monsieur, prendre de la distance est un travail bien long. Il m'a fallu des années, des années...

Mon pauvre frère, mis à la rue à 18 ans pour une '' déviance '' sexuelle... Je me demandais s'il était encore en vie.

... Des études ?

Oh oui, effleuré dans un de nos précédents rendez-vous Monsieur, je vous avais dit ma facilité pour cette partie de ma vie. Pour autant les années se succédèrent jusqu'à l'université sans grand enthousiasme de ma part. C'est là, que tout à changer.

Pour la première fois, on me demanda mon avis, mes envies. Sans grand secret, j'ai choisi de m'intéresser à la littérature qui m'accompagne quasiment tout le temps.

Regardez, mon dernier achat, un livre sur la spéléologie.

Une belle période de ma vie, je pense que ce fut une bonne époque en effet. Oh, non, on ne me voyait toujours pas mais qu'importe, je pouvais lire pour le '' travail '' et puis, j'avais mon amour vous savez.

L'invisibilité, la transparence a cela de beau que de permettre de tout faire sans la moindre peur du reproche. Être aussi commun n'est pas donné à tout le monde, être entre les personnes de renommée et celle détestée apporte un chemin large, un chemin sans embrouille, du moins pour ma part.

La peinture, c'est venu à un moment ou à un autre. La peinture s'est incrustée en moi à la manière que j'ai de vivre, sans bruit, sans raison, cachée et pourtant un jour bien présente dans ta vie sans même que tu puisses te rappeler du pourquoi.

La peinture, c'est, ou bien c'était, une sorte d'exutoire, un moyen de faire sortir ce qui ne venait pas. Ce qui ne vient jamais. Savez-vous que je n'ai jamais pleuré ? Pour autant, un enfant pleure à un moment de sa vie ? Moi, jamais. Pas l'envie, pas la force peut-être; je ne sais pas.

Je ne me plains pas non plus, je vis, simplement. Et la peinture, elle, elle doit contenir mes émotions que je ne connais pas; ou que j'ai oubliées.


Du moins, c'est ce que vous dites, vous, mon cher Psy.

Mais, vous savez, au fond de moi, cet accident, cette bombe , ces morts que j'ai vus, ils ne me touchent pas; pas que je sache du moins.

 
L'explosion ? Si je m'en souviens ? Bien sûr, c'est là-dessus que nous nous sommes quittés la dernière fois.

Oui, je l'ai vu.

Je l'ai senti, le silence avant l'impact, ce silence qui s'impose, quelques secondes avant la détonation. Comme si, comme si tout le monde le savait à cet instant. Comme si un hommage était rendu à ceux qui allaient perdre la vie; comme si eux-mêmes s'accordaient un instant, un souffle, de paix. Je l'ai vécu à la manière d'une évidence. J'ai respiré cet air encore pur, je l'ai gardé un instant en moi, comme pour le préserver et je l'ai expulsé, je l'ai accepté.

Le bruit, d'une telle rage que quand j'y repense, je l'entends encore; profond et dense. C'était une note de musique grandiose, l'apothéose du silence passé. C'était un passage obligé. Mes mains, prises d'une envie primitive et instinctive, me cachèrent les oreilles. Elles étaient humides, humides d'un liquide chaud, mouillées de mon propre sang tentant vainement de s'enfuir sous le sentiment d'impuissance naissant dans ces moments-là.

Vint ensuite le vent, le souffle tel un dernier soupir. Celui qui clôt la musique, celui qui punit; qui prend la vie des personnes dévouées, commis d'office. La chaise du café sur laquelle j'avais élu mon domicile suivit docilement le chemin que le vent lui indiqua.

Sans grâce ni manière aucune, je fis ma rencontre avec le mur, celui-ci même que j'observais cinq minutes auparavant. Ce fut douloureux, j'appris néanmoins que le mur n'était pas fait d'authentique pierre et le nota quelque part dans ma tête; c'est un fait intéressant mais je m'égare...

La douleur survint avec quelques secondes de retard, comme si mon corps ne réalisait pas les événements. Comme s'il refusait la réalité. Ce fut un choc, ma respiration se bloqua pendant quelques longues secondes. Je n'étais plus que souffrance.

Jambe droite, coccyx, deux vertèbres du côté droite, épaule droite, front.

Ces endroits étaient endoloris, luxés, fissurés ou cassés. Du sang, de la poussière, divers restes d'objets ou d'autres choses figuraient autour de moi. Contrôle. Il ne faut pas s'évanouir sinon, on rate le phénomène. Sinon, on oublie, on s'oublie. La douleur aide à se lever, l'adrénaline aussi, logiquement.

Autour de moi, des murmures surgissent peu à peu. Le silence s'estompe à nouveau, les voix montent. Des cris, des pleurs, des pas dans toutes les directions. J'aperçois un bras, je tente de m'en approcher, il porte un tatouage, celui de mon frère.

Mes pas s'accélèrent mais on m'arrête. On me retient, on me dit que cela va aller, je parle du bras, je parle de mon frère. Ils ne réagissent pas, je crie.

Voilà cher monsieur, la raison de ma soi-disant furie. Je ne suis pas folle, pas violente, je voulais juste savoir si mon frère était en vie.

Je peux partir vous dites ? Vraiment ?

Merci.