we're not broken just bent.

La serviette enroulée autour de ma taille, je me figeais comme chaque matin devant mon armoire. Ce moment était sans aucun doute le plus grand dilemme de ma journée. En fait, je n’ai jamais été une jeune fille qui prenait vraiment soin de son apparence d’un point de vue vestimentaire. A vrai dire, ma sœur était celle qui se montrait et moi celle qui restait en retrait, alors les vêtements sobres et simples étaient souvent de la partie. Finalement, mes vieux démons ne me quittaient pas aussi facilement que je l’aurais espéré : un jeans bleu foncé, un pull ample et de couleur crème accompagné d’une paire de tennis basique, voilà la tenue que j’avais décidé de porter en ce jour particulier. Parce que oui, aujourd’hui c’était un plutôt pas comme les autres pour moi. D’ailleurs, en y réfléchissant je ne m’en sentais que plus anxieuse. Je passais mes dents sur ma lèvre inférieure en ressentant cette inquiétude. Je posais ma main sur mon estomac qui commençait lui aussi à me faire ressentir cette panique. A cet instant précis j’avais tout simplement l’impression de repartir quelques années en arrière quand je devais partir à l’école le matin : une véritable angoisse. Malgré ça une certaine impatience se faisait tout de même ressentir, la hâte de voir pour la première fois ce jeune homme me faisait frissonner. Il est vrai que dans ma vie je n’avais jamais réellement pris de risque, alors rencontrer un pur inconnu avec lequel je communiquais par internet était sans doute la chose la plus dangereuse que j’avais pu faire dans ma vie. Parce que oui, je ne vous l’ai pas encore dit mais aujourd’hui c’est Le grand jour, je vais enfin rencontrer le jeune homme avec qui j’échange par internet depuis quelques temps. D’ailleurs, pour ne prendre aucun risque, j’avais décidé de rencontrer ce jeune Alexander dans un endroit public, un endroit fréquenté histoire d’être sûre qu’il n’y ait aucun risque. Nous nous étions fixé un signe distinctif pour se reconnaitre, pour ma part, je lui avais dit que je portais une montre noire très banal me direz-vous sauf que je la porte au poignet droit contrairement à la plupart de la population. Et si je la porte à ce poignet ce n’est pas pour me faire remarquer mais seulement parce que je suis gauchère et que pour moi elle est une gêne lorsque j’écris tout simplement. C’est ainsi que j’arrivais au Drink, le bar dans lequel nous nous étions donné rendez-vous. Je m’avançais vers le bar, cherchant du regard le jeune homme mais à part des femmes accompagnées et un ivrogne au coin du bar il n’y avait personne. « Un thé glacé s’il vous plaît. », demandais-je en déposant les quelques pièces que j’avais sur le comptoir. J’observais autour de moi avant de rejoindre une table un peu à l’écart. A peine assise je sortais mon téléphone, c’était d’ailleurs sans aucune surprise que je n’avais aucun message. Pas même de ma sœur. Ce n’était pas plu mal dans le font, même si j’aurais osée espérer lui manquer un peu mais visiblement ce n’était pas le cas. Je passais rapidement à autre chose, me contentant de poser mon téléphone pour mieux attraper mon verre continuant d’observer les moindres allées et venus dans le bar. D’ailleurs la porte s’ouvrait, un homme s’approchait du bar, un homme grand brun et à la tenue quelque peu abîmée, lorsqu’il s’installait devant le bar après avoir frappé amicalement la main du barman, je me rendis bien compte qu’il n’était pas l’homme que j’attendais. Je continuais à siroter sagement mon verre de thé ..

   
   

We're not broken just bent.

(Oscar Wilde) ▽ L'homme veut être le premier amour de la femme, alors que la femme veut être le dernier amour de l'homme.

Ouvrant faiblement un œil, ma première vision fut l'heure. Deux heures passés de l'après-midi. Que m'était-il arrivé pour que je puisse dormir aussi longtemps ? Ah oui, le travail. Mon Dieu, le travail. Je ne pensais pas que cette nouvelle vie pouvait être aussi... endurante, épuisante ? L'aristocratie était tellement stricte et carrée, que dormir et se réveiller à l'heure qu'on le souhaitait était tout nouveau pour moi. J'étais quelque peut en décalage quand même et je devenais un peu "monsieur tout le monde". Bayant aux corneilles et passant une main dans mes cheveux, tout en me levant sur mes coudes, je regardais furtivement autour de moi. Seul. J'étais seul et c'était d'un calme absolu, aussi. Pas de domestique qui s'affole pour vous dire que vous êtes en retard. Personnellement, je ne travaillais pas ce jour-là et j'avais dû finir tard, je ne m'en souvenais pas trop en fait. Surement pour ça que je n'avais pas mis de réveil non plus, donc c'était à supposé que je n'irais pas au boulot. Plus je vivais ici, plus les expressions et vulgarités s'emparaient de mon vocabulaire. Un peu gênant au début mais on finissait par s'y habituer à la fin. Finissant enfin par me lever avec la première flemmingite de ma vie, mes pas me conduire à ma salle de bain. Prenant une douche bien chaude, me séchant par la suite, j'enfilais quelques tenues plus ou moins décentes. Ouvrant mon frigo, un simple jus d'orange et des biscuits furent mon petit-déjeuner de l'après-midi. Quand j'eus fini, un pense bête m'interpela sur mon ordinateur à moitié fermé. Continuant de mâcher les morceaux qui me rester, j'arrachais ce dernier du dos de la machine qui se referma sous mon geste. « Le con... » Ma main vint frapper ma tempe. Quel idiot ! Comment oublier pourtant ? Mais ce fut bel et bien le cas quoi qu'il en soit. Le rendez-vous avec Otýlie... Je me l'étais pourtant ressassé toute la semaine, pour ne pas zapper cet évènement. Voilà quelques mois que nous communiquions, elle m'intriguait et je n'avais qu'une envie, la rencontrer. Voilà que le jour venu, je ne me rappelle même pas que nous avions fixé un rendez-vous ! Revenant sur mes pas, je tentais de me souvenir ce que nous nous étions dit pour se reconnaître. La demoiselle aurait une montre à son poignet droit... Oui cela je m'en souvenais mais qu'avais-je dit pour ma part ? Impossible de me rappeler... Tant pis, de toute manière la tenue que j'avais enfilé n'était pas trop mal après tout. Un jean, un tee-shirt à manches longues noir et des converses. Que faire de mieux et d'un peu plus sobre ? Un peu trop sombre peut être mais quand je me souvins enfin où était le lieu de rendez-vous, j'enfilais ma veste en cuir et partais avec la boule au ventre, au Drink. Tout en marchant, les mains dans les poches de ma veste, je me dirigeais d'un pas pressait vers le bar, tentant de rattraper mon retard. Poussant enfin la porte, la première chose que je fis, fut de regarder autour de moi, toutes les tables sans exception. Des couples étaient assis sur plusieurs tables, cela faisait des éliminations en plus dans ma recherche. Soudain, je la vis enfin. Difficile de se tromper, ce qui m'avait frappé c'était sa fameuse montre à son poignet droit. Le sourire aux lèvres, je vins vers elle, les jambes claquant entre elle comme des castagnettes. « Vous... Tu dois être, Otýlie ? » Mes bonnes manières reprenaient le dessus, entre jeunes on se disait "tu", pas "vous"... Il ne fallait pas que je craque, personne ne devait savoir que j'étais ici. La dévorant du regard sans vous mentir, je finis par me présenter, puis je vins à m'assoir en face d'elle. « Ravi de faire enfin ta connaissance. » lui dis-je en continuant de sourire bêtement tel un demeuré. Je devais passer pour un vrai psychopathe à la regarder de cette manière admirative. Le barman vint toutefois interrompre ce petit moment de béatitude pour me demander ce que je désirais. L'envie me prenait de prendre un chocolat chaud mais cela ferait sans nul doute complètement ridicule. Une bière n'était pas envisageable, je ne prenais jamais d'alcool à part du vin venant tout droit de France. Ma seule option fut de prendre un café. « Un expresso s'il vous plaît. » Ne prenant même pas la peine de le regarder, c'était la demoiselle qui occupait dorénavant toutes mes pensées. « Alors euh... » Ça commençait bien, je bégayais... *Idiot !* « Ta nouvelle vie te plaît ici ? » M'enterrer. Oui c'est ça, m'enterrer six pieds sous terre aurait été sympa et bien moins dramatique que ce que je venais de lui dire. Franchement, si elle était venu ici, c'était pour penser à autre chose non ? M'adossant à mon siège, je croisais mes doigts entre eux sous la table, n'osant même pas poser mes coudes sur la table. De toute façon, cela ne faisait pas partie de mon éducation.

(c) AMIANTE

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L’ivrogne du coin commençait à grogner quelques mots, c’est pour cette raison que je relevais la tête pour y jeter un œil. Je fixais cet homme avec tellement d’insistance que ça en devenait mal poli mais ça ne m’empêchait pas de continuer. Je me demandais ce qu’on pouvait trouver d’utile à se mettre dans un tel état. C’est à cet instant qu’une voix masculine provenant de l’autre côté me fis sursauter. « Et toi Alexander ? », répondis-je avec mes joues toutes rouges. Inutile, c’est précisément ce que ma réponse était. Evidemment que c’était lui qui d’autre aurait pu connaître mon prénom ici ? Lorsqu’il m’avouait être ravi de faire ma connaissance je me contentais de sourire bêtement bien trop tétanisée par ma timidité pour répondre. Il fallait réellement que j’apprenne à surmonter cette partie de moi. Alors qu’il s’installait gentiment le serveur vint prendre sa commande. Sa première question fût sur ma nouvelle vie, si elle me plaisait ou pas. A vrai dire, je n’en avait pas la moindre idée j’avais le choix entre une vie plus ou moins gâchée à me faire marcher dessus par ma sœur jumelle ou une vie plus ou moins seule ici. En fait, si je n’avais pas rencontré mon colocataire, la vie que je mènerais ici ne serait pas là même alors si on prend tout ces éléments en considération, alors oui ma vie ici me plaît toujours plus que celle que je vivais en République Tchèque. Je m’emparais de mon verre, le portant à mes lèvres après avoir haussé les épaules. « C’est difficile de vivre loin de sa famille, même quand cette dernière n’est pas la plus aimante du monde. Mais je préfère la solitude et la sérénité que m’offre ma vie à Burlington. », admis-je avec honnêteté. Je reposais doucement mon verre sur la table pour faire le moins de bruit possible, une déformation de ma vie d’avant ça me permet de rester discrète et invisible aux yeux du monde, « Et toi, Alexander, tu as retrouver la trace de ton frère ? », demandais-je avec intérêt. Je ne connaissais pas ce jeune homme blond, d’où venait-il, qui il était, quelle vie il menait ? Tout cela m’était totalement inconnu mais cette entêtement à retrouver son frère alors que moi je faisais tout pour m’éloigner le plus loin possible de ma sœur ne faisait que piquer ma curiosité. Je devais avouer qu’à cet instant, même si je me forçais à lutter contre ma nature timide et renfermée pour avoir une conversation normale avec le jeune homme blond qui me faisait face. Mes joues ne cessaient de s’empourprer de plus en plus sentant son regard sur mon visage. J’évitais à tout prit de croiser son regard même si je devais admettre qu’il avait de très jolis yeux. De même, ma voix tremblante était bien loin de masquer mon manque d’assurance. D’ailleurs, le fait de me sentir plus ou moins observer par ce dernier me faisait ressentir une pression assez désagréable me poussant à gigoter dans tout les sens de manière assez peu discrète. Je posais ma main sur la table, puis autour de mon verre, l’écoutant me répondre bien sagement. Finalement, ma maladresse prit le dessus. Dieu sait comment j’avais réussi, à force de ne pas savoir quoi faire de mes dix doigts, à renverser mon verre de thé glacé sur la table en bois du bar. Une partie du contenu finissait d’ailleurs sur le jean de mon compagnon du moment. Mes joues devinrent rouges comme jamais, « Je, je .. », balbutiais-je avec gêne. « Excuse-moi, je, je voulais pas. », lui adressais-je sans le regarder honteuse de mon geste, j’attrapais quelques serviettes au coin de la table pour épongé le plus gros du liquide. Je n’osais même pas le regarder de peur de voir le même regard lourd de sens que ma sœur me lançait dans ce genre de situation. Un regard qui s’accompagnait toujours d’une de ces petites remarques dont la méchanceté n’était qu’un peu plus gratuite à chaque fois tel que « Je vous disais bien qu’elle était empottée. ». Mon cœur battait très fort dans ma poitrine stressée, pour pas grand-chose me direz-vous, par les conséquences de ma bêtise …

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(Oscar Wilde) ▽ L'homme veut être le premier amour de la femme, alors que la femme veut être le dernier amour de l'homme.

Lorsque sa voix aussi magnifique soit-elle sortit du fond de sa gorge, ses petites joues tout aussi adorables s’empourprèrent. Le fait qu'elle me demande si j'étais bien Alexander, m'avait fait décrocher un grand sourire, légèrement plus grand que celui que j'arborais déjà en fait. Sa déclaration comme quoi vivre loin de sa famille même si cette dernière ne semblait visiblement pas lui porter grand intérêt, était tout de même compliqué. J'étais bien placé pour le comprendre, quoi que contrairement à elle, nous étions plutôt une famille soudée, malgré le fait qu'on soit noble et que nous étions pris un peu à droite et à gauche. Ce fut surtout d'apprendre qu'elle préférait sa solitude et la sérénité de la ville qui m'interpela. Au final, nous étions bien différents tous les deux. La brunette, chercher à fuir sa famille alors que dans mon cas, je désirais la réunir, comme avant. En contrepartie, j'étais tellement obnubilé par ses iris bleutés, que je n'avais pas remarqué qu'elle me posait une question. J'avais dû la comprendre aller, quinze bonnes secondes en décalage lorsque le serveur revint pour y déposer ma tasse. Cette fois-ci, je relevais mes yeux vers ce dernier, le remerciant en souriant avant de me laisser une nouvelle fois hypnotiser par la demoiselle. Vite il fallait réagir. « Hum non. Pas encore tout du moins mais je garde l'espoir et dans l'idée de le croiser ici quelque part. » lui dis-je tranquillement. Ma main refit surface pour attraper la poignée du récipient de mon breuvage. Portant ce dernier à mes lèvres, le liquide chaud me fit un bien fou. Même s'il ne pleuvait pas, qu'il faisait un temps superbe, le froid était pourtant bien présent et réveillait en moi quelques frissons ici ou là. La suite se passa tellement vite, que j'avais à peine eu le temps de reposer ma tasse qu'Otýlie fit renverser son verre par maladresse. Ayant un réflexe plutôt lent de mon côté, j'avais regardé ce qui semblait être du thé -maman en prenait souvent pendant que nous goûtions avec Dany- rouler vers moi comme au ralentit. Vous avez sans nul doute l'image de ce film-là... Rah je ne suis pas très calé mais je crois que c'est Matrix, vous savez quand on le voit se baisser pour éviter la balle ? Eh bien ce fut la même scène mais avec du thé et mon sens de l'observation très lent. Réussissant finalement à poser ma tasse sur notre table, je pris quelques serviettes moi aussi à la hâte, nos doigts s'entrechoquant. Croisant son regard, je lui fis un sourire sans contrariété, c'était des choses qui pouvaient arriver, pourquoi lui en vouloir ? « Ce n'est rien ne t'en fait pas. » lui dis-je tout en essuyant le plus gros sur mon pantalon. Une fois ce petit désagrément corrigé et posant les serviettes en boulettes sur un coin de la table, j'humidifiais mes lèvres en levant un bras vers le serveur. « Excusez-moi. » Quand ce dernier me vit, il me fit signe de la tête tout en finissant d'essuyer son verre à la main. Quand il eut fini et nous rejoint tous les deux à notre hauteur, j'enchaînais. « Serait-il possible d'avoir la même boisson, s'il vous plaît pour la demoiselle ici présente ? À ajouter sur ma note bien sur. » Le serveur hocha la tête, prit la tasse renversée ainsi que les boulettes de serviettes. « J'y tiens. » repris-je juste après qu'il soit parti, avant qu'elle ne dise quoi que ce soit. « Cet endroit n'était peut-être pas le lieu idéal pour toi ? Je veux dire... Pour faire plus ample connaissance. » Je la sentais quelque peut gêner, anxieuse, quoique légèrement timide et réservé, ce qui la rendait encore plus charmante en soi. En attendant que le serveur revienne, j'avais toutefois envie d'en savoir un peu plus sur cette jeune personne, qui au final, je ne connaissais pas plus que ça. Reprenant une gorgée de mon expresso, je revins à la charge. Elle allait certainement me prendre pour une vraie piplette... « Rappelle-moi ce que tu fais déjà. Tu es étudiante c'est bien ça ? Parce que hormis le fait que tu tiens un blog, que tu veux t'éloigner de ta sœur, c'est tout ce que je sais à ton sujet. » Me sentant soudainement gêner de lui avoir dit ces paroles que je trouvais plutôt gênante au final, je tentais de me rattraper tant bien que mal. « Excuse-moi si je parais impoli, n'hésite pas à me le réprimander si besoin. »

(c) AMIANTE