Aspen & Grace

Rouvrant les yeux, je regardais par le hublot en souriant. Après près d’un an d’absence, j’étais enfin de retour à Burlington. Voilà onze mois, trois semaines et quatre jours précisément que j’avais quitté le Vermont et ma nouvelle base pour la Syrie et la coalition contre l’EI. Je me redressais sur mon siège, fixant le soldat en face de moi. Mais mon regard dériva sur le cercueil qui me séparait d’une partie de mes hommes. Un des soldats de mon groupe était tombé, touché par un sniper. Nous venions de faire Washington-Burlington dans le même avion qui avait quitté Bagdad, la veille. L’avion toucha rapidement le sol américain de Burlington et on quitta ce dernier avec nos paquetages. Nous faisions un petit retour dans la ville, loin du faste des retours de certains autres soldats. La guerre contre DAESH n’était pas très bien vue par certains habitants. Une fois sorti de l’avion, je saluais les soldats avant de partir de mon côté. J’avais quelqu’un à aller voir, une personne que je n’avais pas vu en chair et en os depuis un an et à qui je n’avais pas parlé depuis deux mois. Aspen était ma meilleure amie depuis des années, depuis qu’elle m’avait surpris hors de chez moi après avoir été battu par mon père. Je rejoignis un ami commun qui savait exactement où se trouvait Aspen et qui allait me conduire jusqu’à elle. Cette dernière n’était nullement au courant de mon retour aujourd’hui et je comptais bien lui faire la surprise. Et comme je n’avais qu’une envie, retrouver celle qui comptait le plus pour moi, je n’avais pas le temps de passer par ma maison pour me changer. Je remisais mes sacs dans le coffre du 4x4 avant de monter en voiture, direction le centre commercial. J’étais impatiente de retrouver ma meilleure amie si bien qu’une fois au centre commercial, je sautais de la voiture cette dernière à peine arrêté. Je suivis notre ami qui avait Aspen au téléphone jusqu’à ce que je la voie au détour d’un rayon. Je restais caché des yeux de la jeune femme en attendant qu’elle n’arrive jusqu’à nous.

Aspen & Grace

J’avais tellement hâte de retrouver Aspen que je n’avais même pas voulu passer par chez moi pour me changer à peine l’avion atterrit sur le tarmac de la base militaire de Burlington. J’avais pu compter sur la complicité d’un ami commun pour découvrir où Aspen se trouvait et ainsi ne pas avoir à attendre qu’elle rentre chez elle pour la voir. En chemin pour le centre commercial, je discutais un peu avec notre ami, le mettant au courant de ce qu’il avait pu se passer pendant mon année de déploiement et l’écoutant me parler un peu de Burlington et de ce qu’il s’y était passé pendant mon absence. J’eus un peu peur en entendant parler de l’explosion au centre commercial. Le terrorisme ne se trouvait pas seulement loin de nos frontières mais bel et bien dans les endroits les plus proches de nous et c’était parfois un peu affolant. Une fois arrivée devant le centre commercial, on se mit à la recherche d’Aspen qui se trouvait dans un magasin high-tech. Certainement encore un cadeau pour son fils, mon filleul. En même temps, cet enfant était tellement adorable qu’il méritait bien d’être gâté par sa mère. Et croyez-moi, je n’étais pas mieux. Généralement, je ne ramenais rien de mes missions car je n’y étais pas pour faire du tourisme. Mais je trouvais toujours un moyen de me faire pardonner de mes longues absences avec de petites attentions quotidiennes. Rapidement, on retrouva Aspen et je ne pus que sourire à sa réaction quand elle me vit. Je refermais mes bras autour d’elle avant de la serrer fort contre moi. Je ne pus même pas retenir un petit rire quand elle m’engueula à moitié pour ne pas l’avoir prévenu que je rentrais. « Désolé Aspen, je voulais te faire la surprise. Et elle serait tombée un peu à l’eau si je t’avais prévenu. Mais je vais bien, rassure toi. Et moi aussi, je suis contente de te revoir. » Elle m’avait manqué. Ce n’était que maintenant que je la voyais en chair et en os devant moi que je me rendais compte à quel point elle m’avait manqué. Mais j’avais une longue période de repos avant de retourner en mission alors je comptais bien profiter de sa présence un maximum. J’allais pouvoir reprendre mes bonnes vieilles habitudes, prendre mon petit déjeuner dans le café qu’elle gérait par exemple ou encore venir l’enquiquiner quand elle était dans sa maison de disque. J’avais toujours aimé l’embêter quand elle bossait mais je savais également être respectueuse et si elle me disait que je la gênais, je prenais la poudre d’escampette. « Comment vas-tu toi? »