Parlez-nous de votre famille. « Réellement, vous vous intéressez à ça? Ah. C’est nouveau ça. Comment vous dire. Comment vous expliquez d’où je viens, ce que j’étais, ce que je suis devenu. C’était il y a 28 ans. La Mère Inverness n’avait que dix-huit ans quand le Père Inverness l’a engrossé. 9 mois plus tard, comme une jument, paniquée, apeurée, tremblante, elle mit bas, dans le sang et dans les exrécements. De son utérus souillé par la drogue et la violence, naquit deux beaux petits bébés : Moi, Avalohn et mon grand frère de huit minutes, Kyhan. Les voisins, alertés par ces bruits de porcs qu’on égorge ont appelés la police. Lorsqu’ils enfoncèrent la porte et qu’ils découvrirent ces 23 mètres carrés puant le moisis, la marijuana et la mauvaise graines, ils savaient très bien que le calvaire ne faisait que commencer. Les centres sociaux ont bien essayé de nous placer, de nous loger, de nous aider. Mais rien à faire, mais rien à foutre. C’est le Bronx, la loi de la rue. À la maison c’était plus papa qui frappe fort et maman avec une aiguille dans le bras. Papa frappait, maman faisait les trottoirs. Mon jumeau et moi n’avons jamais ressentis la douceur d’une main fraîche sur la joue, la caresse des rayons du soleil sur notre peau dans un jardin d’enfant, ni un baiser sur le front pour calmer une fièvre virulente.

On m’a élevé dans l’art de mentir, dans la grâce de cogner, de savoir jouer avec les apparences, d’entourlouper les hommes avec mes longues jambes et mes grands cils. Le béton des rues du Bronx coule dans mes veines maintenant, je ne peux pas le nier.

Ma seule famille est mon frère jumeau, Kyhan, ainsi que mon éducateur, Romwell G. Forneigh. Mais je reviendrais sur cette période de ma vie. Pour l’instant, je respire un peu. Laissez moi fumer ma clope, boire un coup de Tequila, et c’est reparti. »

Parles nous de ton passé « Ah, vous revoilà… La vache, vous vous accrochez. La suite est pas super jolie non plus, vous pouvez commencer à tresser une corde pour vous pendre. Ça vas être sympa, vous allez voir. On a dit que mon enfance a été « difficile ». Difficile? Sérieusement? Mais qu’est ce que l’assistante sociale a pu bien foutre sur mon dossier? Aucune idée. Le Père Inverness a commencé à cogner quand on a eu l’âge de faire des bêtises avec Kyhan. On n’a pas réellement eu de bons moments. C’était juste lui et moi, dans le placard de la cuisine quand la Mère Inverness se faisait culbuter par le patriarche. On s’inventait des histoires, lui devenait un grand guerrier et moi une sirène, on s’envolait dans des imaginaires en se serrant dans les bras.

Lorsque l’on a eu l’âge de rentrer à l’école, c’était notre échappatoire qui n’a pas duré longtemps pour moi. À mes 13 ans, j’ai fumé ma première clope, j’ai eu mon premier tatouage et j’ai découvert le monde du soutien gorge. À force de traîner dans la rue, les mauvaises fréquentations deviennent des amis, et les amis deviennent la meute. J’ai rejoins la mafia des Los Lobos à cet âge là. Fernando Farel a été mon premier petit ami. Il m’a offert le monde à mes pieds, une paire de louboutin et du champagne à gogo. Il avait six ans de plus que moi. Mais qui étais-je pour me rendre compte que l’amour rend aveugle? On ne m’avait jamais réellement aimé. En plus de me donner tout ce que je voulais, il m’a permis d’apprendre à cogner, à négocier, à gérer une partie du gang.

Les bagarres, la drogue, le sexe, l’alcool et la violence était mon quotidien. Tout le temps. Sans arrêt. Je ne me rappelle pas d’un jour où je n’étais pas shooté. Bien entendu, je connaissais les cellules de dégrisement et les parquets des tribunaux comme ma poche. Sauf que la baston de trop, un gamin devenu tétraplégique et prise en flagrant délit avec une arme à feu m’a fait me conduire directement dans un CEF, un Centre Éducatif Fermé dans le Michigan. J’y ai passé 5 an de ma vie, jusqu’à mes 21 ans. Ça a été un moment réellement dur, d’être séparé de mon frère, de mon sang, de ma moitié d’âme. J’ai coupé les ponts avec les Los Lobos. J’étais déjà pas mal couverte de tatouage, et ce n’était que le commencement. Mon éducateur, Romwell G. Forneigh et devenu mon papa. Pendant ces années, malgré ma tête brûlée, mon caractère de princesse et ma tendance à me fâcher dès qu’on me lançait un regard, il est resté. J’ai pleuré sur son épaule, partagé des étreintes que je ne connaissais pas et eut le sentiment d’avoir enfin une famille. Il m’a appris le Parkour et m’a fait découvrir ma passion et mon métier : la médecine vétérinaire.

J’ai gardé contact avec mon jumeau, et à mes 21 ans, les visites médiatisés avec mes vrais parents se sont terminés. Plus aucune obligation, une majorité où je pouvais prendre soin de moi, j’ai décidé de suivre mon cursus de vétérinaire.

J’ai eu un petit-ami dans le Michigan, qui s’appelait Ethan. Il est venu s’installer avec moi à New-York. Il m’a demandé en mariage au bout de nos 1 an de vie commune, avant que je ne le surprenne à culbuter une autre nana dans le lit conjugale. Et ce n’était pas la première.

J’ai été totalement dévasté. Après tellement de temps à m’être reconstruite, à avoir tenu à des personnes, à avoir réappris à aimer, pleurer, être douce, ce coup là fut fatal. Il brisa quelque chose en moi qui ne s’est toujours pas réparé. Après ça, j’ai décidé de foutre Ethan à la porte, j’ai fini mon cursus et je suis partie vivre quelques temps chez Romwell. Presque un an.

Après avoir réussis à m’en sortir aux côtés de mon vrai père, j’ai décidé d’emménager dans le Vermont, à Burlington. Il me fallait un endroit calme où pouvoir continuer ma vie loin de New-York, de ces mauvais souvenirs du Bronx, de mes parents, et de cet amour qui m’a tué. Alors voilà, j’ai déposé mes valises il y a quelques semaines, tatouée de la tête aux pieds, mes quelques affaires à la main, pour une nouvelle vie. Tadaaaaa ».

Parles nous de tes amours « Ouais, on va rentrer sur la pente glissante. Et voilà que je t’en remet une couche… Bon, il y a eu Fernando. La passion, la meute. C’était un vrai connard. Un vrai salaud. Il m’a planté ma première aiguille dans le bras, m’ouvrait la bouche pour une énième fellation dans la nuit alors que je dormais à moitié défoncée, frappait fort quand j’allais fouiner mon nez ailleurs. Pourtant, il a construit la princesse que je suis devenue. Ce que j’ai haïs fait parti de moi pour toujours. Je ne peux pas le renier.

Par la suite, il y a eu Ethan. Il m’a appris à chanter, à aimer le bon vin, à danser comme une folle. M’a fait la première fois l’amour avec du respect et de la tendresse. M’a tenu les cheveux pendant nos plus grosses cuites, avec qui j’ai eu les meilleurs fous rires et les meilleures engueulades. Pourtant il aimait les femmes, peut être trop. On s’est aimé et déchiré jusqu’à la chaire. Au moins, il ne me frappait pas et me couvrait de baiser. Mais il m’a tué.

Depuis je n’ai jamais eu de relations réellement sérieuses. Des coups d’un soir, quelques jours, des semaines, voir 2 ou 3 mois. Sans m’attacher. Les hommes sont des êtres stupides pour la plupart. Charmés par quelques regards, mes longues jambes et tous mes tatouages. Trop facile… »

Parles nous de tes études« Wow, wow, wow… Bon, j’avoue j’étais pas très assidue en primaire et au collège. C’est la rue qui m’a élevé et éduqué. Je sais gérer un groupe et j’ai un tempérament de leadeuse, ce qui me nuit très souvent. J’ai tendance à vouloir atteindre la première place par tous les coups bas.

Après mon arrestation et ma rééducation à vivre, j’ai intégré l’université de New-York pour apprendre le métier de vétérinaire. J’ai réussis à avoir mon diplôme, et j’ai une sacré connexion avec les animaux. Comme si je savais ce qu’ils pouvaient ressentir et comprendre leur sentiment.

Enfin bref, il n’y a pas grand chose à dire sur mon intelligence. Grâce au Bronx je sais manipuler et tenir une conversation intéressante. Je parle couramment français grâce à mon frère, qui du haut de ses 12 ans m’a appris cette langue magnifique. Notre rêve était de partir tout les deux à Paris, avoir notre appartement à Mont-Martre, lui devenir écrivain et moi une muse des artistes français. »