L’hiver était bien installé sur Burlington et les températures étaient loin d’être agréables. Je m’attendais même à ce qu’il y ait bientôt de la neige, ce n’était pas impossible. La journée avait été belle, le soleil avait brillé mais comme il n’y avait pas de couverture nuageuse, le peu de chaleur encore au sol s’en allait, laissant un froid mordant sur la ville. Ma journée avait été calme. Je travaillais toujours sur un trafic de drogue en ville dont l’une des boites de nuit était victime. Quelques jours plus tôt, j’avais interrogé le propriétaire de la dite boite de nuit, un jeune homme charmant que je soupçonnais quand même d’être au courant pour le trafic de drogue et même de fermer les yeux sur certains faits qui se déroulent dans son établissement. Mais en l’absence de preuve, j’avais dû le relâcher et depuis, on pouvait presque dire que Monsieur Wilkins m’obsédait légèrement. Dès que l’on me parlait de l’enquête, ce n’était pas les faits qui me venaient en tête mais bel et bien le charmant sourire du propriétaire. Je n’arrivais pas à le sortir de ma tête, sauf quand je dormais… Et encore. Décidant de mettre un terme à ma journée, je quittais les bureaux du FBI de Burlington. Une collègue sortit en même temps que moi et me demanda de l’accompagner dans un bar où elle devait rencontrer un jeune homme qu’elle avait rencontré sur un site de rencontre. J’acceptais avec plaisir, j’avais bien envie de sortir. On décida de se retrouver devant le fameux bar car je devais repasser par chez moi pour me changer et prendre une douche.

Une heure plus tard, aux alentours de dix-huit heures trente, j’étais devant le bar à attendre ma collègue. Une fois que cette dernière m’eut rejoint, on entra dans le bar et on s’installa à une table. Je commandais un cocktail tout en discutant avec la jeune femme, attendant que le jeune homme qu’elle devait rencontrer n’arrive. Elle le repéra rapidement à l’entrée et je décidais donc de rejoindre le comptoir du bar, ne voulant pas non plus laisser ma collègue toute seule avec quelqu’un qu’elle ne connaissait que via un écran d’ordinateur. Alors que je rejoignais le comptoir, en tournant la tête, je remarquais rapidement quelqu’un que je connaissais: Rider Wilkins, le propriétaire de la boite de nuit, se trouvait dans le bar. J’ignorais s’il m’avait remarqué mais je décidais de faire comme si de rien n’était et je marchais encore de quelques pas avant de m’installer à un tabouret vide, au comptoir du bar, sirotant calmement mon cocktail.

Les journées ne sont pas chaudes mais les nuits non plus, mais ce n'est pas ça qui va déranger Rider qui en a vu d'autre en vivant dans sa communauté durant son enfance. Ils n'avaient pas tout le confort qu'on peut trouver en ville malgré le fait qu'ils avaient du chauffage, ce n'était pas pareil. Pour avoir chaud il fallait sortir chercher du bois ou bien avoir la chance d'avoir du pétrole ou autre combustible et donc malgré tout Rider ne regrette pas sa vie d'avant au point de vue du confort. D'ailleurs si on regarde bien, Rider ne regrette pas grand chose de sa vie d'avant, excepté sans doute sa famille, parce qu'en quittant cette communauté il a perdu ses droits familiaux et n'est plus qu'un fantôme à leurs yeux. Et même s'il le voulait il ne pourrait pas revenir car il ne serait pas accepté. Rider est un paria à leurs yeux et c'est ça qui lui fait le plus mal quand il repense à sa vie d'avant.

Mais ce soir, Rider ne compte pas se ressasser son passé, il vit pour l'avenir, avenir qu'il espère beau et prospère. Il sait qu'il est surveillé avec cette histoire de trafic de drogue dans sa boite, mais il fait de son mieux pourtant pour ne pas laisser ce trafic s'installer. Il s'est déjà battu ou une fois ou deux avec l'un des type qu'il pensait être un dealer. Oui, Rider use parfois de ses points malgré la présence d'hommes de mains, plutôt de vigiles dans sa boite. Il est assez sanguin parfois alors quand ça lui prend il ne perd pas son temps à appeler du renfort et frappe si besoin. Il a toujours eu de la chance jusque là parce qu'il sait que ça pourrait mal finir tout ça, surtout s'il tombe sur un homme armé. Mais Rider n'est pas inconscient non plus. Ce soir il est avec des amis de la fac. De temps en temps ils se revoient et passent un peu de temps ensemble autour d'un bon repas ou d'un verre ou même dans sa boite mais pas toujours, c'est bon aussi de changer.

Rider boit tranquillement sa bière tandis qu'un de ses ami raconte une blague pourri et que Rider éclate de rire. Jamais vraiment discret dans ce genre de moment, certainement pour donner le change vis à vis de son humour pourri. Quoi qu'il en soit c'est à ce moment là qu'il l'aperçois, la jeune femme qui l'a interrogé l'autre fois, celle qui le soupçonne de participer à ce trafic de drogue. Rider la regarde, elle a le don pour lui faire perdre ses moyens, le peu de moyen qu'il a en réalité, parce que Rider manque de confiance en lui surtout avec les femmes. Etre propriétaire d'une boite de nuit ne fait pas de lui un tombeur. Mais cette femme, elle le trouble toujours énormément et même s'il la soupçonne d'être là parce qu'elle le suit, pour son travail donc il est malgré tout heureux de voir son visage ici. Elle est rayonnante, il craque quand elle sourit et il trouve son petit accent totalement adorable. En sa présence il n'est plus du tout le même homme, du moins durant quelques minutes parce qu'ensuite il arrive à se reprendre et retrouver contenance.
Il dit deux ou trois trucs à ses amis et puis se lève bière à la main pour prendre la direction du bar et rejoindre la jeune femme avec un air faussement sur de lui.

"- Bonsoir miss Carpenter ! J'imagine que vous n'êtes pas là par hasard, alors pour éviter toute perte de temps, ce ne sont que des amis de fac avec qui je passe un bon moment, voilà. Aucun d'eux ne trempe dans la drogue et comme je vous l'ai déjà dit, je ne cautionne pas toute cette affaire."

A elle de le croire ou non, mais Rider est sincère et l'a toujours été. D'ailleurs, s'il se souviens bien il a même proposé sa collaboration pour cette enquête, mais pour ça il faudrait encore qu'ils le croient innocent.

Je n’arrivais pas à comprendre pourquoi le propriétaire de la boite de nuit hantait mes pensées. Parce que c’était le cas de le dire, je pensais à lui assez souvent quand l’enquête sur le trafic de drogue était abordée dans les locaux du FBI. Je ne devrais pas être autant obnubilé par un homme dont l’établissement était sous le coup d’une enquête alors que je soupçonnais le dit homme d’être de mèche dans le fameux trafic de drogue. Et même quand je ne pensais pas le croiser, voilà que je le surprenais avec des hommes dans le bar où ma collègue devait retrouver un jeune homme. Installé au bar, je réfléchissais à cet interrogatoire que nous avions eu où Monsieur Wilkins m’avait certifié qu’il ne prenait pas part au trafic qui avait lieu dans sa boite de nuit et qu’il était même contre. Je savais que je ne pouvais pas le croire, que nous n’avions certes aucune preuve qui prouvait qu’il était au courant mais nous n’en avions pas non plus qui prouvait l’inverse, mais je sentais au fond de moi qu’il était sincère. Sauf que mon intuition ne servait pas à grand-chose dans un tribunal. Sirotant doucement mon cocktail, je ne fus qu’à moitié étonné de voir le jeune homme me rejoindre. Je ne fus absolument pas étonné quand il me salua en disant que je n’étais pas là par hasard. Si seulement il savait à quel point il se trompait. « Vous savez, je ne suis pas en service. J’accompagne une collègue qui rencontre quelqu’un. Et vous n’avez pas à vous justifier, comme dit, je ne suis pas en mission d’infiltration, j’aurais été plus discrète sinon. » Je savais parfaitement me fondre dans la masse pour ne pas être repéré par la personne que je surveillais. Posant mon regard sur le jeune homme, j’eus un petit sourire. Et dire que s’il n’était pas sous le coup d’une enquête, il aurait pu être mon type d’homme. Mais je n’avais pas pour habitude de sortir avec ce type d’homme. Mes anciens petits amis étaient plus propres sur eux, plus conventionnels selon mes parents. Je n’osais même pas imaginer la tête qu’ils pourraient faire si je leur disais un jour que je sortais avec un homme du style de Wilkins. Ils feraient une attaque, certainement, surtout mon père. Mais je ne devais pas penser à ça, il n’y aurait jamais rien entre cet homme et moi. J’eus rapidement terminé mon verre et je tournais la tête vers Wilkins, toujours mon petit sourire aux lèvres. « Je vous offre un verre de plus? » C’était une bonne façon d’enterrer la hache de guerre quand même.

Rider essai de garder de la contenance vis à vis d'elle. Elle ne doit pas savoir à quel point elle le trouble. C'est un peu comme s'il avait eu le coup de foudre pour elle, quelque chose dans le genre mais il n'est pas capable de définir quoi. Il n'a jamais connu l'amour et encore moins le coup de foudre, mais il est clair qu'en sa présence Rider se sent tout con et tout coincé. Un peu comme un gamin qu'on prend sur le fait quand il a fait une bêtise il ne sait rien faire d'autre que vous regarder et écouter les réprimandes qu'on peut lui faire. Sauf que Rider lui, s'exprime malgré tout, mais disons que d'une certaine façon c'est pareil. Il est présent tout en étant dans ses pensées. Il sait qu'elle n'est pas marié parce qu'il l'a observé, elle n'a pas d'alliance au doigt mais sait aussi que cela ne veut rien dire de nos jours. Il imagine qu'elle doit avoir une vie bien rangée et qu'un type comme lui n'a aucun intérêt pour une femme comme elle. Elle doit être ambitieuse et a probablement un enfant ou deux bien au chaud dans sa magnifique grande maison à l'extérieur de la ville. Et ce soir elle est sorti et c'est monsieur qui garde la marmaille. Rider ne serait pas contre avoir une famille, il est assez mure maintenant pour ça mais sait aussi que ce n'est pas demain que tout ceci lui tombera dessus. Il l'écoute et observe un peu dans la salle cherchant à savoir où pouvait être cette amie.

"- J'imagine."

Il ne peut pas faire grand chose de plus qu'imaginer qu'effectivement elle aurait été plus discrète ne s'affichant pas au bar. Mais plus c'est gros moins c'est évident, cette façon là marche très bien.
Et puis elle lui proposa un autre verre et il la regarda avec un air étonné qu'il ne pu cacher.

"- Se serait avec plaisir, mais il me semble que selon vos codes de conduites il vous est interdit de sympathiser avec un suspect et ça m'ennuierais de vous porter préjudice. A moins que... je ne sois plus suspect .. ce qui me paraitrait plus logique vu que je suis totalement innocent dans cette histoire."

Rider ne comptait pas la mettre dans l'embarras vis à vis de son travail et sa hiérarchie et même s'il avait le droit de lui en vouloir personnellement d'avoir osé penser qu'il était de mèche avec ces types il n'avait pas de raison de lui faire payer. Et puis un sourire de la jeune femme effaçait tout ce qu'il pouvait y avoir de négatif dans leur relation. C'est d'ailleurs ce qui s'était passé, il l'avait vu sourire et ce sourire l'avait touché, comme une flèche en plein coeur.

Etrangement, j’aimais beaucoup la compagnie du jeune homme. Je savais pourtant que je ne devais pas trop m’approcher de lui car il était sous le coup d’une enquête fédérale pour trafic de drogue. Je ne comprenais pas pourquoi j’avais envie de parler avec lui, de passer du temps près de lui. Pourtant, je ne croyais pas en l’amour, je n’y avais jamais cru et j’étais persuadé que je ne pouvais pas tomber amoureuse. J’avais une vie de famille trop chaotique pour croire aux sentiments éternels. Ma mère m’avait élevé seule avec l’aide de mes grands-parents avant que je ne sois confiée à mon père quand ces derniers avaient trouvé la mort dans un accident de voiture. Je ne croyais pas en l’amour et pourtant, j’avais l’impression que Monsieur Wilkins était en train de me faire changer d’avis petit à petit. Mais je ne pouvais pas être amoureuse d’un homme que j’étais censé pouvoir interroger tout en restant objective. Hors, les sentiments ne rendent pas objectif et je ne voulais pas perdre mon poste pour être tombée amoureuse d’un homme soupçonné. Je ne pus m’empêcher de secouer doucement la tête quand je le vis tourner la tête. Peut-être cherchait-il la fameuse collègue dont je lui avais parlé. Par contre, je ne fus guère surprise quand le jeune homme fixa un regard étonné sur moi quand je lui proposais de lui offrir un verre. Il avait raison, le règlement me l’interdisait mais en même temps, c’était la seule chose que j’avais trouvé pour qu’il reste encore un peu auprès de moi. Je me rassurais en me disant que je n’avais pas envie de finir ma soirée seule dans ce bar, à attendre que ma collègue ait fini son rendez-vous… Si toute fois elle n’y donnait pas suite. Parce que rien ne me disait qu’elle n’allait pas repartir avec le jeune homme. Je reportais mon regard sur le jeune homme en haussant les épaules. « Vous savez, nous n’avons aucune preuve que vous soyez impliqué dans cette histoire… » Je devais me taire, je ne pouvais pas lui révéler des éléments de l’enquête qui le visait, je risquais clairement mon poste. Mais en même temps, j’étais un bon élément et si cela venait à l’oreille de mes supérieurs, je risquais plus que l’on me tape sur les doigts voire une mise à pieds d’une semaine. Terminant mon verre, je le reposais sur le bar en haussant simplement les épaules. « Mais si vous ne voulez pas, je peux comprendre. » J’étais d’ailleurs prête à partir. Ma collègue ne semblait pas avoir besoin de moi et je n’aimais guère me retrouver dans un bar alors que je n’avais pas spécialement envie d’y être. J’aurais préféré être chez moi mais j’avais accepté pour ma collègue. Mais me retrouver à boire toute seule au comptoir ne me plaisait guère.

Rider aurait pu refuser son verre, mais il ne le fit pas, disons qu'il ne le dis pas directement ni oui ni non. Mais ce qu'il avait dit voulait tout dire, qu'en réalité il était d'accord juste qu'il ne voulait pas la mettre mal à l'aise vis à vis de sa hiérarchie. Et comme lui savait qu'il était innocent il savait aussi que ça ne poserait pas problème, pour lui du moins, parce que d'ici à ce qu'ils lui trouvent une preuve le mêlant à tout ça rien n'était joué, il arrive parfois que la justice fasse comme ça l'arrange pour boucler une enquête. Mais lui savait qu'il avait été innocent.

"- C'est tout simplement parce je suis innocent. Je suis juste coupable de ne pas être assez vigilant et de n'avoir pas pu empêcher ça se produise dans ma boite. Mais rassurez-vous, ça ne durera pas éternellement."

Rider était un homme de parole et il comptait bien faire cesser ces accusations et donc faire ce qu'il fallait pour que ce petit trafic cesse, quitte à se mettre en danger, il le ferait, peu importe la manière.

"- Bien sur que j'accepte."

Rider n'avait pas spécialement envie de retourner vers ses potes pour le moment, de toute façon ils étaient là pour un petit moment encore et donc il savait qu'il les retrouverait et puis ce n'était pas quelques minutes en la compagnie de la jeune femme qui allait changer grand chose au déroulement de leur soirée. Mais il est clair qu'il les avait quasiment oublié ses camarades de fac là. Rider était trop occupé à observer la jeune femme, jeune femme qui lui plaisait énormément soit dit en passant. Elle était pourtant banale à bien y regarder, en dehors de son sourire à tomber, de son visage angélique et de ses yeux magnifique elle n'avait rien de particulier. Elle aurait pu passer totalement inaperçu en boite par exemple. Mais elle avait quelque chose de différent, quelque chose qu'il ne pouvait pas définir et qui la rendait si particulière à ses yeux.

J’aurais tout à fait pu comprendre que le jeune homme refuse le verre que je lui proposais. Après tout, je n’avais pas été très tendre pendant l’interrogatoire mais en même temps, je n’avais fait que mon travail. Je fus néanmoins étonnée quand il ajouta que si nous n’avions pas trouvé de preuve de son implication dans le trafic, c’était parce qu’il était innocent, que son seul crime avait été de ne pas être suffisamment attentif pour éviter ce genre de chose dans son établissement. J’eus même un rire quand il reprit la parole en disant que ça n’allait pas durer. « Je n’en doute pas une seule seconde. Vous semblez être quelqu’un qui sait ce qu’il veut. » Peut-être que je me trompais mais je n’étais pas qu’un simple agent du FBI, j’étais également profiler. Je connaissais les comportements humains et tout dans l’attitude de Monsieur Wilkins me faisait me dire qu’il fallait mieux éviter de se dresser devant lui quand il voulait quelque chose. Je préférais ne pas imaginer ce qu’il serait capable de faire pour faire cesser ce trafic parce que je me doutais que cela ne me plairait guère. Après tout, s’il était bien prêt à tout, cela voulait tout dire et en tant que membre de l’autorité, je préférais ne pas avoir à mettre le jeune homme derrière les barreaux pour de bon cette fois-ci. Je ne pus retenir un sourire quand il accepta que je lui offre un verre. Faisant signe au barman, je commandais un nouveau cocktail, laissant le soin à mon voisin de commander ce qu’il voulait. Une fois mon verre devant moi, je me tournais vers le jeune homme en souriant toujours avant de lever le bras, en un petit signe. « A la vôtre. » Je bus une gorgée de mon verre, contente de boire en bonne compagnie. Je sentis soudain un mouvement derrière moi et je tournais la tête pour voir ma collègue qui me disait qu’elle continuait la soirée ailleurs avec le jeune homme qu’elle venait de rencontrer. J’étais contente pour elle, c’était super. Je me demandais d’ailleurs si Monsieur Wilkins avait quelqu’un qui l’attendait chez lui, s’il avait des enfants… Des questions que je n’aurais pas dû me poser. Reposant mon verre sur le bar, je me tournais à nouveau vers mon voisin. « Alors, dites Monsieur Wilkins… Pourquoi être devenu propriétaire d’une boite de nuit? » C’était vraiment un métier assez étonnant quand même. Il en fallait, je ne disais pas le contraire mais voilà, j’étais quand même assez étonné.

Rider commençait à être à l'aise en face de la jeune femme. Il arrivait à penser à autre chose que cette obsession qu'il avait pour elle et arrivait donc à détacher son regard du visage de la jeune femme. Même s'il se montrait tout de même assez insistant par moment il n'y pouvait rien c'était plus fort que lui.

"- Oui, je crois qu'on peut dire ça."

Il n'était pas tout à fait d'accord avec ce qu'elle venait de lui dire sur le fait d'être une personne qui sait ce qu'elle veut, mais bon c'était un peu compliqué à expliquer en réalité. Rider savait ce qu'il voulait sinon il n'aurait pas quitté sa famille pour vivre une vie "normale" en ville, mais disons qu'il sait aussi qu'il ne peut pas toujours avoir ce qu'il veut. Et là depuis qu'elle était en face de lui à discuter il pouvait aussi dire que c'était elle qu'il voulait. Seulement voilà, elle est agent du FBI et il est suspect ou du moins en parti suspect dans cette enquête dont sa boite est victime. Et puis il sait très bien qu'un type comme lui ne peut pas intéresser une femme comme elle et si encore c'était le cas elle est sans doute déjà casé avec un type en costard qui doit bosser dans la même boite qu'elle ou qui est avocat, ou peu être même juge tient. Oui, Rider se fait des films mais c'est pour éviter de la regarder sans rien dire, l'admirant tel un gamin qui a vue passer un ange.
A son tour il commande sa boisson et reste sur la bière pour éviter de boire trop d'alcool d'un coup, il doit quand même aller travailler après ça, du moins il doit continuer la soirée avec ses amis de fac alors il ne peut pas se permettre de commencer les mélanges maintenant.

"- A la votre !"

Et trinque donc avec la jeune femme et peine à retirer son regard du sien. Par chance elle se tourne pour jeter un oeil à la femme qui devait être son amie, celle qu'elle accompagnait ce soir, puisque la jeune femme lui fait savoir qu'elle s'en va.

"- Vous voilà toute seule maintenant. Votre amie vous fausse compagnie, elle doit vous imaginer en bonne compagnie."

Ce n'est pas que ce n'est pas le cas, disons que c'est plus compliqué que ça, ils ne sont rien l'un pour l'autre, mise à part un suspect et un flic, mais rien d'autre. Pas du même genre que la jeune femme qui vient de partir, pas de rencart pour l'agent du FBI, juste un verre avec un type qui n'est pas forcément fréquentable.

"- Oh..." difficile de répondre comme ça en quelques mots, pour cela qu'il ajoute. "- Un seul verre ne suffira pas à tout expliquer. Mais disons qu'en gros j'avais besoin d'avoir quelque chose à moi et qu'une boite de nuit est un bon investissement. Et ça ne fait pas tout à fait deux ans que j'en suis propriétaire, j'apprends encore le métier."

De toute façon tout ça elle devait le savoir, ils avaient un dossier sur lui et ils devaient même savoir ses origines et ça la faisait sans doute sourire de savoir d'où il vient.

J’avais bien remarqué le regard du jeune homme, à la fois insistant et plein de respect. D’ordinaire, cela m’aurait mis mal à l’aise mais étrangement, ce n’était pas le cas ici. J’avais également un peu de mal à poser mon regard ailleurs que sur mon voisin, mes yeux étaient comme aimantés par lui. Mes parents seraient fous d’apprendre que j’étais attiré par un homme qui était propriétaire d’une boite de nuit. Enfin, mes parents, mon père surtout parce qu’il voulait que je me trouve quelqu’un de convenable comme il disait. Hors, selon ce dernier, Monsieur Wilkins n’entrait pas dans la catégorie des gens convenable. Le monde de la nuit, mon père s’en méfiait beaucoup. En réalité, il se méfiait de tous les hommes qui pouvaient s’approcher un peu trop près de sa fille, sûrement pour cela que je n’avais pratiquement eu aucun petit ami, parce que mon père les faisait fuir avant que cela puisse devenir sérieux. Une fois mon nouveau verre d’alcool à la main, je trinquais avec mon voisin avant que la jeune femme que j’avais accompagnée ne vienne me dire qu’elle partait ailleurs. Je hochais simplement la tête, reportant rapidement mon attention sur Monsieur Wilkins. J’eus un petit rire tout en buvant une gorgée de mon cocktail. Il n’avait pas tort, j’étais en très bonne compagnie même si le jeune homme était suspect dans une de mes enquêtes. « Elle doit surtout penser à la suite de son rendez-vous… Que je sois en bonne compagnie ne doit pas tellement l’intéresser. » Je me rendis rapidement compte que j’aurais dû tenir ma langue. Je reconnaissais facilement que j’étais en bonne compagnie et je ne savais pas vraiment comment le jeune homme allait réagir en entendant ce que je disais. Heureusement, j’avais une bonne maitrise de moi-même et je réussis à ne pas laisser paraître mon trouble. Je préférais relancer un sujet de conversation sur le métier de mon voisin, métier assez étonnant, je devais le reconnaître. J’avais vu le dossier sur le jeune homme, je savais quelques petites choses sur sa famille et j’avais été surprise de le découvrir. Il ne donnait pas l’impression d’avoir grandi sans le confort moderne. Je fus étonnée d’apprendre qu’il était seulement propriétaire depuis deux ans, je m’étais attendu à plus. Par contre, il n’y avait rien d’étonnant à en apprendre un peu plus chaque jour sur son métier, c’était également le cas pour moi. « Je crois bien que je ne suis jamais allé en boite de nuit... » Mon père me l’avait toujours interdit et puis, cela ne m’avait jamais réellement intéressé en grandissant. « Pour être honnête, je n’ai jamais compris l’intérêt d’une boite de nuit… » N’y ayant jamais mis les pieds, cela pouvait facilement se comprendre. Ne quittant pas le jeune homme du regard, j’eus un petit sourire en essayant de l’imaginer dans sa boite de nuit, parmi les danseurs et les personnes attablées au bar. Il devait bien aller avec l’ambiance que j’imaginais.

Rider n'avait jamais eu le coup de foudre pour une femme dans sa vie et il commençait sérieusement à envisager que c'était ce qui était en train de se produire avec la jeune femme parce qu'il ne pouvait pas faire autrement que penser à elle et ce depuis le jour de son arrestation, depuis le premier regard qu'ils avaient échangés. Si encore ils avaient échangé un baiser, il comprendrait pourquoi elle l'obsède de cette façon mais là, c'était du chinois pour lui. Il faut dire que Rider n'avait pas fait d'études sur le comportement humain, du moins très peu et donc ce n'était pas évident pour lui de comprendre ce qui lui arrivait. Il était déjà sorti avec des filles bien entendu mais aucun ne lui avait donné autant envie que la jeune femme. A croire que l'interdit a son lot de surprise, puisqu'il sait très bien qu'il n'a pas le droit d'imaginer sortir avec elle à cause de l'enquête et que même sans cette histoire il est fort probable qu'elle ne l'aurait jamais regardé.

"- C'est sans doute aussi parce que j'inspire confiance."

Bon, si au moins elle pouvait être d'accord avec ce qu'il venait de dire ce serait un bon point pour lui. Rider n'est pas une personne mauvaise, il est juste parfois un peu distant et renfermé mais là ce n'est pas le cas et puis il a fait d'énormes efforts depuis son installation en ville. En réalité Rider n'a pas remarqué ce qu'elle a dit, du moins si, mais ça ne l'a pas choqué, donc il n'a pas relevé et ne voit aucune raison d'être gêné.
Il boit une petite gorgée de sa bière et répond à la question qu'elle lui a posé, tout en sachant qu'elle doit en connaitre énormément sur lui via son dossier, parce que Rider sait que tout le monde est fiché, les Amish y compris.

Il est surpris par ce qu'elle lui dit, d'ailleurs elle a du le voir sur son visage vu la tête qu'il fait, mais ça ne dure pas et puis comme elle parle de nouveau, Rider ne l'interromps pas et attend qu'elle ait terminé.

"- Ca permet aux gens de sortir et de s'amuser, de boire, de danser, discuter, faire des rencontres, passer un bon moment. La plupart du temps c'est pour ça que les clients viennent. C'est conviviale, remplit de monde, difficile de discuter parce qu'on ne s'entend pas à cause de la musique et c'est bruyant, sans oublier qu'il y fait une chaleur.... d'où le besoin de boire."

On sent bien que Rider parle un peu comme un propriétaire de boite de nuit mais aussi qu'il est tout à fait objectif et qu'il connait les défauts de son entreprise. D'ailleurs il ajoute.

"- Vous savez, moi je ne suis que le chef d'orchestre dans cette boite, celui qui permet à tout la chaine de fonctionner. Mais en réalité je ne sers pas à grand chose et je ne m'amuse pas vraiment."

C'est un travail, et son travail ce n'est pas de s'amuser mais de surveiller, faire en sorte que tout tourne bien, que les clients sont en âges d'être là, que rien ne viendra perturber la soirée, enfin tout un tas de petits détails dans ce genre.

Je n’avais jamais cru au coup de foudre, mes études de psychologie m’ayant appris que c’était une croyance ridicule. Et pourtant, je n’arrêtais pas de penser au jeune homme depuis que je l’avais vu pour la première fois après son arrestation. Tout chez lui me troublait et j’avais beau essayer de comprendre, je n’y arrivais pas. C’était tout bonnement inexplicable. L’aurais-je remarqué si nous ne nous étions pas croisé un jour pour cause de travail et d’enquête? Je ne saurais répondre à cette question. Probablement pas car il entrait dans une catégorie d’homme que j’évitais. Et pourtant, je me rendais compte qu’il était plus que fréquentable. Il n’était pas lourd, il était respectueux, sympathique, tout le contraire de ce que je m’étais imaginé le concernant. Quand il ajouta qu’il inspirait confiance, je ne pus m’empêcher de sourire légèrement. « Ce doit être ça. Après, la question n’est pas de savoir si vous inspirez confiance mais si l’on peut vous faire confiance… Et j’ai tendance à croire que oui. » Et mon instinct ne me trompait que très rarement. Monsieur Wilkins n’était pas une mauvaise personne, je m’en rendais bien compte et cela me faisait plaisir. Cela m’aurait profondément touché de découvrir que l’homme qui hantait mes pensées n’était qu’un homme à femme, qu’il trempait dans une affaire louche de trafic de drogue… Bon, si la deuxième hypothèse semblait compromise, il pouvait toujours être un homme à femme bien que j’avais dans l’idée que cela n’était pas le cas. Je ne pus m’empêcher de rire légèrement quand il fut surpris d’apprendre que je n’avais jamais mis les pieds dans une boite de nuit. Il essaya d’ailleurs de m’expliquer ce qui pouvait être intéressant dans un tel endroit mais cela me laissait toujours aussi perplexe. De par mon expérience professionnelle, j’avais tendance à voir le mauvais côté de beaucoup de choses et je n’avais jamais osé me rendre dans une boite de nuit en dehors des quelques fois où j’y étais allé pour des enquêtes. Je ne fus guère étonnée cependant quand il ajouta qu’il ne s’amusait pas beaucoup. « Mon expérience professionnelle m’a appris à me méfier des endroits où l’alcool coule à flot… Les gens ivres qui prennent le volant et tuent des personnes qui avaient juste le malheur d’être au mauvais endroit au mauvais moment… Les drogues facilement accessibles et les overdoses qui suivent… » Je ne dressais pas un tableau si rose des boites de nuit et je m’en rendais bien compte. Je secouais la tête avant d’adresser un petit sourire d’excuse au jeune homme à mes côtés. « Désolé, ce n’est pas très joyeux comme discours. » Mais la vie avait parfois des côtés qui ne faisaient pas rire et il fallait apprendre à vivre avec. Néanmoins, j’étais quand même assez curieuse désormais de découvrir cet univers en tant que simple personne et pas en tant qu’agent du FBI. Peut-être que j’irais y faire un tour un jour…

Rider comprend tout à fait ce qu'elle ajoute à son sujet et au fait qu'il inspire confiance, et d'ailleurs il ajoute comme pour appuyer ce qu'elle viens de dire.

"- Bien sur que je suis une personne de confiance."

Pour lui c'est une évidence, parce qu'il se connait, qu'il connait son passé, son chemin de vie, ce par quoi il est passé et tout ce qu'il a fait pour en arriver là. Forcément tout le monde ne peut pas dire la même chose en le regardant parce que la confiance ça se mérite et Rider ne fait pas exception. Il donne facilement sa confiance mais l'accord plus difficilement. Son éducation y est pour beaucoup en réalité.

Et le reste de la discussion prend une tournure un peu inattendu mais à bien y réfléchir ce n'est pas étonnant, elle est agent du FBI alors forcément c'est son côté flic qui ressort.

"- Pour l'alcool on fait attention, je vous assure. Après, il est clair qu'on ne peut pas fliquer tous les clients et être derrière eux une fois qu'ils sont à l'extérieur. Mais je n'ai jamais entendu parlé d'un accident ayant couté la vie à quelqu'un causé par un de mes clients. Et pour les drogues ça n'est pas à l'intérieur de mon établissement ou alors c'est extrêmement bien mené parce que je vous assure que j'ai horreur qu'on se serve de mes clients et qu'on se fasse de l'argent sur le dos et leur santé."

Il est clair que ce que dit Rider est contestable, après tout il est le patron de la boite et peut difficilement accepter le fait que malgré sa vigilance, ses équipes de sécurité certains passent entre les mailles du filet, mais il le sait que ça arrive. Personne n'est infaillible.

"- Non, mais vous avez raison. Votre point de vue est tout à fait légitime et je le comprend. C'est d'ailleurs pour ça que je suis extrêmement vigilant, je ne veux pas d'ennuis avec la justice."

C'est vrai qu'il a choisi la mauvaise entreprise pour être tranquille. S'il voulait du calme il aurait du choisir de reprendre une boite de nettoyage ou bien de repassage et pas une boite de nuit. Mais en même temps il aime cette boite, l'ambiance, c'est un tout en réalité et puis ça lui permet de vivre aussi la journée, une double vie, un peu comme s'il cherchait à rattraper le temps perdu durant sa jeunesse. Et malgré ça ce n'est pas un fêtard et encore moins un profiteur, un homme à femme ou carrément un pervers qui se sert de sa boite pour satisfaire ses besoins primaires.

"- Mais sachez que vous y serez la bienvenu si un jour le coeur vous en dit. Vous pourrez même constater par vous même qu'on est vigilant et qu'on ne laisse pas les clients s'enivrer au point de s'écrouler sur le trottoir une fois la soirée terminée. L'entrée est gratuite pour les jolies jeunes femmes célibataires."

Et Rider regrette déjà ce qu'il vient de dire dans la dernière partie de sa réponse, pas le fait que l'entrée est gratuite mais qu'elle est une jolie jeune femme, elle pourrait mal le prendre, imaginant qu'il se fou d'elle, mais en même temps ça pourrait lui permettre de savoir si elle est célibataire ou non. Il peut tenter, après tout, il ne risque que de se faire jeter.

Etrangement, je ne doutais pas un seul instant que l’on puisse facilement faire confiance au jeune homme en face de moi. Il donnait cette impression de je ne savais trop quoi qui me disait que l’on pouvait lui faire confiance. Et quand il ajouta que c’était le cas, je ne pus m’empêcher de rire en souriant doucement. Jamais encore je n’avais souris et ris aussi facilement avec quelqu’un qui était pourtant au centre d’une enquête de trafic de drogue. Mais ce que le jeune homme me disait me touchait, parce que je comprenais que c’était la vérité. Il ne montrait aucun signe qu’il mentait et il mettait tellement d’ardeur à se défendre que je peux pouvais que me laisser surprendre à le croire. Quand il ajouta qu’il avait horreur que l’on joue avec ses clients, je ne pus m’empêcher de sourire à nouveau. Il savait que des brebis galeuses étaient passées entre les mailles de son filet car nous avions des preuves d’un trafic de drogue dans sa boite. Mais mon discours était pour le moins négatif concernant la boite de nuit, je le reconnaissais. Certes, mon point de vue était légitime mais il n’avait pas choisi le bon métier pour ne pas avoir d’ennui avec la justice. « Pour le coup, pour les ennuis avec la justice, c’est un peu raté. » J’eus même un petit rire parce que je n’avais pas entièrement tort. Si vraiment il ne voulait pas prendre ce risque, il aurait dû choisir autre chose. Mais il devait forcément y avoir quelque chose qui lui plaisait dans le fait d’être propriétaire d’une boite de nuit parce qu’on ne faisait pas cela par hasard. Je soupçonnais son passé dans la communauté des Amish de ne pas y être pour rien. J’étais d’ailleurs assez étonné de connaître son passé dans cette communauté. En le voyant en photo, je n’avais jamais soupçonné qu’il puisse avoir une telle origine quand j’avais lu son dossier. Il ajouta ensuite que j’étais la bienvenue si un jour l’envie me prenait d’aller faire un tour dans une boite de nuit. Il termina même en ajoutant que l’entrée était gratuite pour les jolies jeunes femmes célibataires. Je manquais de m’étouffer avec ma gorgée de cocktail alors qu’une jolie couleur rose se peignait sur mes joues. Je glissais une main dans mes cheveux tout en reportant mon regard sur le jeune homme, souriant toujours. « Je tâcherais de ne pas l’oublier. » J’eus rapidement terminé mon nouveau verre de cocktail tout en jetant un regard à ma montre pour regarder l’heure. Il allait être l’heure que je rentre chez moi parce que je devais encore cuisiner et terminer quelques rapports. Il n’était pas rare que je ramène du travail chez moi parce que j’avais tendance parfois à déprimer un peu le soir, dans ma maison, seule. « Je vais vous laisser, je ne veux pas vous prendre encore plus de votre temps, déjà bien amputé. » Mais je n’avais pas non plus envie de laisser le jeune homme, j’aimais beaucoup sa compagnie. Si bien que je ne fis pas réellement de mouvement pour quitter mon voisin.

Rider fait une petite moue à ce qu'elle lui dit tout lui lançant un regard qui montre bien qu'il a compris ce qu'elle venait de dire et qu'il est d'accord avec elle.

"- Effectivement, on ne peut pas toujours tout avoir sous contrôle je l'admets."

Et il ne peut pas dire grand chose de plus à ce sujet, de toute façon il n'est pas responsable et encore moins coupable, pas sa faute si quelqu'un arrive à passer la sécurité de la boite. D'ailleurs, il se demande s'il n'y aurait pas un accord entre l'un de ses employé et le trafiquant parce qu'il ne voit pas comment ça aurait pu arriver autrement. Mais ça ne va pas durer, FBI ou pas, il finira par trouver de qui il s'agit et fera ce qu'il faut pour que ça s'arrête. Mais ce qui rassure un peu Rider malgré tout, c'est qu'il ne touche absolument aucun pot de vin vis à vis de cette histoire, donc il est clean et c'est déjà bien. Parce que sinon il aurait pu faire de la taule pour cette histoire. Espérons juste que si les flics trouvent de qui il s'agit avant lui on ne l'accusera pas d'avoir pris part à tout ça.
Et puis Rider lui dit qu'elle pourra venir quand elle voudra dans sa boite tout simplement parce que l'entrée est gratuite pour les jolies femmes célibataires et vu ce qu'elle répond il n'est pas sur qu'elle ait bien saisi ce qu'il a dit. Ou bien alors elle a compris et cela veut dire qu'elle est célibataire ou tout simplement qu'elle a fait exprès de ne pas relever.

"- Ca me ferait plaisir de vous compter parmi mes invités un de ces soirs."

Mais dans le fond il imagine bien que si elle y revient à la boite se sera pour son enquête et donc accompagné de toute son équipe et ce ne sera pas une visite de courtoisie.
Puis elle lui dit qu'elle va y aller et Rider est un peu déçu mais d'une certaine façon c'est aussi bien parce qu'il doit tout de même retourner voir ses amis qu'il a laissé à la table pour venir discuter avec elle.

"- Très bien, comme vous voulez. Je vous remercie pour le verre et pour cette petite discussion. C'était sympa même si j'ignore si j'ai bien fait de parler travail, ça pourrait se retourner contre moi. Mais c'est pas grave, je n'ai rien à cacher."

Et il lui fait une légère grimace tout en disant la fin de sa phrase et ajoute ensuite.

"- Bonne soirée Miss Carpenter et faites attention à vous."

Ce n'est aucunement un avertissement, juste sa façon à lui de lui faire comprendre qu'il serait peiné qu'il lui arrive quelque chose dans son travail ou même sur la route, après tout elle a bu deux verres déjà. Et puis même si c'est uniquement pour l'enquête il a envie de la revoir alors comme il ne peut pas vraiment lui demander un rendez-vous ou lui proposer un verre, il se satisfera de ce qu'il aura même si c'est loin d'être agréable comme tête à tête.

Il avait raison, nous ne pouvions pas tout avoir sous contrôle et c’était bien qu’il le reconnaisse. Mais je commençais doucement à croire qu’il n’était en rien coupable dans ce trafic de drogue qui nous avait fait nous rencontrer. Pour moi, au fil de la conversation, il était devenu une victime collatérale de cette affaire car c’était dans sa boite qu’il avait lieu. Je me demandais cependant comment mon attirance pour le jeune propriétaire allait bien pouvoir jouer dans cette histoire. Je devais rester objective et je savais que cette obsession n’était pas acceptable. Mais je n’arrivais pas à me raisonner, surtout quand j’étais en sa compagnie. Mais j’avais bien envie d’aller tâter l’atmosphère de sa boite de nuit en tant que simple cliente, pour me faire une idée par moi-même de toute cette histoire de drogue. Et si en plus l’entrée était gratuite, je ne disais pas non, au contraire. Il ajouta qu’il serait ravi de me compter parmi ses invités un soir et je souris. Il ne dirait probablement pas cela si je débarquais un soir avec mon équipe d’enquêteurs mais je ne pourrais que le comprendre. Ce n’était jamais très agréable de voir le FBI débarquer, surtout que si cela devait arriver un jour, la soirée tournerait court. Je pris cependant la décision de rentrer chez moi, la soirée commençait à être bien avancée et j’avais du travail encore à faire. J’eus l’impression que Monsieur Wilkins était déçu que je prenne congé et j’en fus un peu étonnée. Moi qui avais pensé qu’il serait content de retourner à sa soirée, c’était une agréable surprise de découvrir que ma compagnie semblait lui plaire. Parce qu’après tout, nous ne nous étions pas rencontrés dans les meilleures dispositions. Je quittais donc mon tabouret, enfilant ma veste avant de me tourner vers le jeune homme qui me saluait. « Bonne soirée Monsieur Wilkins. » Posant délicatement ma main sur l’épaule du jeune homme, j’eus l’audace de déposer un baiser sur sa joue. J’étais décidément trop bien en sa compagnie pour me permettre ce genre de chose. Je ne demandais pas mon reste pour filer mais au moment de passer la porte, je me retournais en direction du jeune homme que je venais de quitter. J’allais certainement ne pas arriver à travailler avec la conversation que nous avions eue ce soir et j’avais déjà hâte de le revoir. Je finis par quitter le bar, un petit sourire aux lèvres.