Enfin un jour de congé, il faisait le plus grand bien. Je n’avais pas mis de réveil ce matin et pour cause, je manquais cruellement de sommeil ces derniers temps. Entre les heures supplémentaires que je faisais et le fait que je ramenais très souvent des dossiers chez moi, je ne me couchais que tard le soir pour me réveiller aux aurores le lendemain matin. Si bien que j’avais dormi jusqu’à plus de neuf heures ce matin. Je m’étais réveillé comme une fleur pour faire un peu de rangement chez moi parce que là aussi, il y en avait bien besoin. J’avais tendance à ne pas faire très attention au rangement quand je travaillais et il y avait des fringues partout. Ma matinée c’était ainsi passé entre mon rangement et un coup de téléphone à mes parents pour leur donner des nouvelles. Mon père et ma belle-mère habitaient à Providence, à environ quatre heures de Burlington et je ne les avais pas vus depuis un petit moment. J’étais très proche d’eux, mon père m’ayant recueilli quand ma famille maternelle avaient péris dans un accident de voiture. Ils annoncèrent vouloir faire l’effort de venir me rendre visite maintenant que j’étais plus proche de là où ils avaient déménagé et cela me fit un grand plaisir. Je décidais de les rappeler plus tard dans la semaine pour qu’on en reparle plus précisément avant de me préparer pour sortir. J’avais décidé de faire un tour dans la forêt de la ville pendant que la neige était toujours un peu présente et comme il ne neigeait pas encore, autant en profiter avant que les routes ne deviennent impraticables.
Arrivée près de la forêt, je me garais dans le parking prévu à cet effet avant de bien me couvrir et de commencer ma marche. La neige craquait sous mes pas et l’air était glacial mais cela me faisait le plus grand bien. Je laissais mes pensées vagabonder tout en essayant de les canaliser parce que sinon, je me doutais bien où elles allaient aller. J’essayais de penser le moins possible au propriétaire de la boite de nuit, Monsieur Wilkins, mais souvent mes pensées n’en faisaient qu’à leur tête et il n’était pas rare que je me retrouve quand même à penser à lui. Déjà presque plus d’une semaine que je ne l’avais pas revu depuis l’incident à la boite de nuit et j’avais toutes les peines du monde à l’oublier. Je soupirais en me rendant compte qu’à nouveau, je me mettais à penser à lui. Jetant un coup d’œil à ma montre, cette dernière m’apprit qu’il était près de treize heures et qu’il allait être temps que je rentre chez moi pour manger un morceau et finir ma journée devant la télé, à regarder les films de l’après-midi. Mais mon attention fut soudain attirée par un bruit hors du chemin de marche. Cela ressemblait vaguement à un petit gémissement. M’écartant donc du chemin, je fis quelques pas en direction du bruit pour découvrir un jeune chien attaché à un tronc d’arbre. Je n’y connaissais pas grand-chose en chien mais je me doutais bien qu’il ne devait pas être là de son plein gré et je compris bien vite qu’il avait dû être abandonné là par son propriétaire. Cette idée me serra le cœur alors que j’avançais doucement ma main pour le caresser. Il était couché et semblait ne plus avoir la force de se lever. Hors, il semblait trop gros pour que je ne le porte et j’avais peur qu’en partant chercher de l’aide, je ne le retrouve pas, le condamnant à une mort certaine. Cherchant une solution, j’entendis soudain des bruits de pas dans le chemin de marche, à quelques mètres d’ici. « Hé! S’il vous plait, j’ai besoin d’aide. » J’espérais vraiment que la personne qui marchait dans mes traces viendrait me donner un coup de main pour déplacer l’animal et le conduire jusqu’à un vétérinaire. Sinon, je trouverais bien une solution pour le déplacer en tant pis je devais me faire mal, je ne me voyais pas laisser le chien ici.

Rider s'en était beaucoup voulu pour cette soirée l'autre fois avec Miss Carpenter. Il n'avait pas eu l'occasion de la revoir et il aurait tout donné pour que ce soit le cas, même à propos de cette fameuse enquête, et enfin voir de ses yeux qu'elle allait mieux. Il craignait qu'elle ne lui en veille et de son avis à lui c'était exactement le cas parce que sinon elle aurait essayé de le revoir. Enfin ça c'est surtout ce qu'il espérait lui mais en réalité elle ne pensait pas la même chose alors elle s'en fichait pas mal de le revoir ce type. Après tout il ne représentait que des choses négative, trafic de drogue, enquête et puis coup qu'elle avait reçu même s'il n'y était pour rien.
Au bout de plusieurs jours il avait cessé de culpabiliser, mais elle n'était pas sortit de sa tête pour autant.

Pour se changer les idées il avait accepté de jouer les baby sitter pour chien, pour le chien d'un ami plus exactement. Le genre de chien bien encombrant mais qu'on apprécie avoir auprès de soi malgré tout et cet après midi il avait décidé d'aller le balader un peu histoire de lui dégourdir les jambes et à lui aussi par la même occasion. Et rien de mieux pour se vider l'esprit qu'une bonne petite balade en compagnie d'un chien qui vous fatigue bien en tirant sur sa laisse comme un malade à s'en étouffer. Rider passa tout le temps de la balade à le retenir et finit même pas glisser une fois ou deux dans la neige et à se mouiller le pantalon. Ca n'était pas grande importance si ce n'est qu'il n'avait plus très chaud à cause de cela. Et puis il entendit crier alors qu'il avait presque terminé sa balade. Il se précipita vers la personne qui appelait à l'aide et demanda

"- Qu'est ce que vous arrive ?"

Tout en retenant le chien qui se mit à aboyer en voyant l'autre chien.

Le pauvre chien semblait assez mal en point et je me disais que si je n’étais pas arrivé aujourd’hui, peut-être qu’il n’aurait pas survécu. Il ne semblait pas bien méchant car quand j’avançais ma main pour lui donner une caresse sur la tête, il coucha les oreilles, semblant s’attendre à un coup. Un chien maltraité et abandonné comme un objet, cela avait le don de me révolter. Je détachais la laisse accroché à l’arbre et voulus essayer de porter le chien mais il était trop lourd. De plus, comme il ne semblait pas pouvoir se tenir sur ses pattes, il n’allait pas être chose aisée de le déplacer. Entendant soudain des bruits de pas dans le petit chemin à côté, j’appelais à l’aide, espérant que la personne serait quelqu’un de costaud et qu’il pourrait m’aider à porter l’animal jusqu’à ma voiture pour l’emmener chez le vétérinaire. La personne sembla entendre mon appel car les bruits de pas se rapprochèrent jusqu’à ce que la personne apparaisse devant moi. J’eus un temps d’arrêt en me rendant compte de qui il s’agissait. Même quand je ne pensais pas le croiser, il fallait que ma route croise celle de Monsieur Wilkins. Comme si le destin se tenait à me rappeler que le jeune homme existait quand je prenais bien garde à essayer de l’oublier. Un peu plus et j’en aurais ris. Mais j’avais plus important pour le coup. Je jetais un coup d’œil au gros chien qui accompagnait le jeune homme avant de reporter mon regard sur le chien couché à mes genoux. « J’ai trouvé ce chien abandonné. Il est trop lourd pour que je le soulève toute seule. Vous pourriez m’aider à le mener jusqu’à ma voiture pour que je puisse l’emmener chez le vétérinaire? » Même si je ne voyais pas pourquoi il dirait non, j’espérais sincèrement qu’il n’allait pas me laisser me débrouiller toute seule. Mais je commençais doucement à connaître le jeune homme pour me dire qu’il n’allait pas me laisser tomber et qu’il allait m’aider.

Rider avait accéléré le pas après avoir entendu à l'aide et fit en sorte de rejoindre rapidement la personne qui appelait parce que le chien qu'il baladait semblait assez agité, alors autant ne pas trop trainer dans le coin. Quelle ne fut pas sa surprise lorsque la personne se retourna et qu'il pu voir son visage.

"- Miss Carpenter ! Qu'est ce qui se passe ?"

Il n'arrivait pas à en croire ses yeux et encore moins à comprendre ce qu'elle pouvait faire là avec un chien qui visiblement était mal en point. Elle lui expliqua la situation et Rider ne répondit même pas. Il se rapprocha d'elle suffisamment pour lui tendre la laisse du chien qu'il promenait, espérant qu'elle ne se laisserait pas surprendre par ce dernier s'il lui prenait l'envie de partir en courant, alors il lui dit juste ceci.

"- Tenez le bien."

Et laissa ensuite la jeune femme avec son chien pour se rapprocher de l'autre chien et se mettre à moitié à genoux pour ensuite le soulever. Après l'avoir prit bien en main il se releva, portant donc le chien à bout de bras, il fit un signe de la tête à la jeune femme pour qu'elle le conduise jusqu'à sa voiture. Le chien ne bougeait pas, comme s'il comprenait qu'on allait s'occuper de lui et surtout qu'on ne lui ferait pas de mal. De plus, il paraissait vraiment très faible, il était être tout prêt d'être en hypothermie.
Il suivit donc la jeune femme jusqu'au parking quelques bonnes centaines de mètres plus loin. Ce n'était pas évident de marcher ainsi parce qu'il avait du mal à savoir où il mettait les pieds, alors il marchait sans doute moins vite qu'il l'aurait du, mais peu importe. L'important étant de secourir ce chien et de ne pas le laisser mourir de froid. Une fois arrivé sur le parking il la laissa ouvrir sa voiture et déposa le chien à l'arrière de celle-ci puis il lui dit simplement

"- J'ai une couverture dans ma voiture, je vais la chercher, j'en ai pas pour longtemps."

Et en effet il se dépêcha d'aller jusqu'à sa voiture, tout en laissant le chien qu'il avait avec lui sous la surveillance de la jeune femme. Il revint à peine deux minutes plus tard avec la couverture, la déposa sur le chien et reprit la laisse de son chien en main.

"- Vous savez où se trouve le vétérinaire le plus proche ?"

Rider en connaissait un lui, il pourrait toujours lui indiquer la route pour s'y rendre.

Pourquoi avait-il fallu que je tombe sur Monsieur Wilkins même quand je ne cherchais pas à le croiser. Le destin voulait-il à ce point se jouer de moi… Autant le voir dans sa boite de nuit, c’était logique. Mais où était la logique dans ce qu’il venait de se passer? Il n’y en avait pas à mon sens et le destin se jouait particulièrement bien de moi. Je préférais me focaliser sur le chien qui était à mes genoux et qui regardait désormais dans notre direction, les yeux pleins d’espoir. J’expliquais alors la situation au jeune homme, caressant toujours la tête du chien sans le quitter du regard. Je me tournais à nouveau vers Monsieur Wilkins qui restait silencieux avant de me tendre la laisse du chien qu’il tenait. Je me relevais pour lui laisser la place, gardant un œil sur le chien que je tenais désormais en laisse. Il semblait être suffisamment fort pour se mettre à courir et que je lâche la laisse. Mais étrangement, il se tient en place pendant que le jeune homme attrapait l’autre chien et le porte jusqu’à mon véhicule. Je lui indiquais la route jusqu’à ce dernier, déverrouillant les portes et en ouvrant une pour qu’il puisse déposer le chien sur la banquette arrière. Je le laissais aller chercher une couverture tout en mettant le contact pour avoir un peu de chauffage. Les deux mis bout à bout devrait suffire à réchauffer le pauvre animal. Monsieur Wilkins ne mit pas longtemps à revenir avec la couverture avant de me demander si je connaissais l’adresse du vétérinaire le plus proche. Je devais avouer que mon plan avait un accroc. « Malheureusement non. Je n’ai pas d’animaux et je n’ai donc pas l’occasion d’aller chez un vétérinaire. » Mais j’espérais sincèrement que le jeune homme en face de moi en connaisse un. Sinon, ce n’était pas un souci, j’avais mon smartphone et j’aurais donc toutes les possibilités de faire une recherche sur les vétérinaires du coin. Mais cela prendrait un petit peu plus de temps que si l’on se mettait tout de suite en chemin pour un cabinet vétérinaire.

Rider avait fait tout ce qui était en son pouvoir pour transporter le chien jusqu'à la voiture de l'agent du FBI, il était même aller chercher une couverture dans sa propre voiture et voilà que maintenant il s'inquiétait de savoir si elle connaissait l'adresse du vétérinaire le plus propre. Ca avait tout de même une grande importance parce que sinon elle perdrait du temps à trouver l'adresse et à s'y rendre. Par chance Rider en connaissait un qui logiquement n'était pas très loin d'ici. Il y en avait peu être un autre ou d'autre mais il en connaissait un c'était donc suffisant pour venir en aide à ce chien.

"- J'en connais un. Je pourrais vous y conduire si vous me suivez avec votre voiture."

Et à cette heure-ci ils ne devraient pas être trop dérangé parla circulation, normalement parce qu'on n'est jamais sur de rien. Après s'être assuré qu'elle était d'accord pour sa proposition il reprit son chien en laisse et retourna jusqu'à sa voiture pour ensuite y prendre place après avoir mis le chien à l'intérieur et retrouva la voiture de la jeune femme. Et prit ensuite la route, faisant bien attention qu'elle le suivait parce qu'il n'était pas question de la perdre sinon ça serait une grosse galère pour elle.
Après avoir roulé un petit moment quand même, ils arrivèrent enfin sur le parking de la clinique vétérinaire et Rider stationna sa voiture pour ensuite venir vers celle de la jeune femme. Rider comptait bien porter à nouveau le chien jusqu'à l'intérieur, ensuite elle pourrait se débrouiller sans lui et donc repartir, parce qu'il imaginait bien qu'elle n'avait aucune envie de l'avoir à nouveau dans les jambes après ce qui s'était passé l'autre fois.

J’étais vraiment reconnaissante au jeune homme de m’avoir aidé à transporter l’animal jusqu’à mon véhicule. Sans lui, je ne sais pas comment j’aurais fait. Une fois le chien dans mon véhicule et recouvert de la couverture que le jeune homme avait installé sur le chien, il me demanda si je connaissais un vétérinaire dans le coin et je ne pus qu’avouer que non. Je n’avais pas d’animaux et donc pas l’intérêt de connaître l’adresse d’un vétérinaire. Il annonça alors qu’il en connaissait un et qu’il pourrait m’y conduire si je l’acceptais. « Je vous suis sans aucun soucis. » En même temps, si je voulais sauver le chien, je n’avais pas le choix. Je montais en voiture, attendant de voir celle du jeune homme apparaître pour le suivre. On roula quelques minutes pendant lesquelles je ne quittais la route du regard que pour poser ce dernier dans le rétroviseur, regardant le chien couché sur la banquette arrière. Il était étrangement très calme, sûrement parce qu’il sentait qu’il était sauvé, que des personnes étaient bien décidées à prendre soin de lui. On arriva finalement dans le parking du cabinet et je me garais, peu étonnée de voir le jeune homme se diriger vers le chien pour le reprendre dans ses bras et le conduire à l’intérieur. Je lui ouvris la porte avant de m’approcher de la personne à l’accueil, lui expliquant la situation et demandant à voir un vétérinaire en urgence. Elle m’annonça qu’elle allait voir si l’un d’entre eux était disponible pour nous recevoir. Pendant qu’elle partait, je retournais auprès du jeune homme, caressant doucement la tête du chien. « Merci de votre aide, je ne saurais pas comment j’aurais fait sans vous… Je voudrais vous remercier mais je ne sais pas comment. » J’aurais osé, je l’aurais invité à manger après la consultation mais j’avais peur d’abuser de la gentillesse du jeune homme. Et puis, après tout, peut-être qu’il se fichait bien de ma reconnaissance et qu’il ne souhaitait qu’une chose, rentrer chez lui et oublier qu’il m’avait croisé aujourd’hui.

Rider avait fait tout ce qu'il pouvait pour aider, allant jusqu'à reprendre à nouveau le chien, le portant jusqu'à l'intérieur du cabinet médical. Finissant par le poser sur le sol, à côté d'un siège où Miss Carpenter pourrait s'assoir en attendant qu'un vétérinaire vienne s'occuper d'eux. Pas que Rider ne voulait pas rester, mais disons qu'il avait ce chien qui ne lui appartenait pas et qu'il n'était venu que pour le promener, donc le chien ne pourrait pas rester une éternité à l'extérieur, il faudrait le ramener chez son propriétaire, l'ami de Rider. Il n'avait pas vraiment le choix non plus.
La jeune femme revint vers lui après s'être annoncé et avoir expliqué la situation et Rider pensait qu'il allait pouvoir passer le relais et reprendre sa vie comme elle l'était avant qu'il ne rencontre la jeune femme en forêt. Mais visiblement elle avait décidé de le remercier et Rider se voyait mal partir avant qu'elle ait terminé de parler.

"- Oh.. et bien vous n'aurez qu'à m'inviter à diner quelque part ou prendre un verre quand votre enquête sera terminée."

Oui, Rider ne pouvait pas accepter maintenant parce que de toute façon elle ne parlait pas de maintenant, de l'immédiat donc autant répondre pour plus tard et sans doute que plus tard elle n'y penserait plus. Après tout une fois cette enquête bouclée son propriétaire passerait aux oubliettes. Si ça n'avait tenu qu'à lui c'est lui qui l'aurait invité parce qu'il lui avait dit l'autre fois qu'il voulait la revoir, mais à quoi bon. Par contre il ajouta ceci.

"- J'aimerais si possible avoir des nouvelles du chien, mais si vous ne pouvez pas ce n'est pas grave."

Rider était prêt à lui donner son numéro de téléphone portable tout en sachant qu'étant au FBI elle pourrait avoir toutes ses coordonnées si elle le désirait et elle pourrait aussi ne pas avoir envie de lui donner de nouvelles, donc qu'elle ferait ce qu'elle voudrait, comme elle le voudrait et il ne lui en voudrait pas. Et en lui disant cela, Rider sous entendait donc qu'il ne resterait pas en sa compagnie plus longtemps, que tous les deux avaient d'autres choses à faire et qu'être à deux pour le chien ne servirait à rien.

J’avais très envie de remercier le jeune homme pour l’aide qu’il m’avait apporté. Je n’étais pas obligé mais c’était quelque chose qui me paraissait normal. J’avais envie de passer du temps avec lui et rien à voir avec l‘enquête en cours. Et secrètement, j’espérais qu’il resterait avec moi en attendant le vétérinaire et peut-être même pendant la consultation. Mais je compris rapidement qu’il se fichait pas mal que je le remercie. Attendre la fin de l’enquête était une bonne idée mais je ne savais pas si ma mémoire tiendrait jusque-là. Après tout, je ne savais pas combien de temps allait durer l’enquête et si elle s’éternisait, j’ignorais si j’aurais suffisamment de mémoire pour m’en souvenir. Je hochais simplement la tête, espérant quand même qu’il resterait avec moi encore un petit peu. Mais quand il ajouta qu’il aimerait avoir des nouvelles du chien, je compris qu’il ne resterait pas et pour le coup, j’étais déçu. Moi qui m’était attendu à ce qu’il reste encore un peu avec moi. Je baissais la tête tout en la hochant, essayant de cacher ma déception. Mais en même temps, je ne savais pas à quoi je m’étais attendu. Il avait un chien avec lui et il ne pouvait pas rester avec moi. Et puis même s’il n’y avait pas ça, il n’avait probablement pas envie de rester avec moi tout simplement. Je redressais la tête tout en glissant une main dans mes cheveux. « D’accord, je comprends. Je veux bien vous donner des nouvelles du chien, sans aucun souci. J’ai votre numéro dans les dossiers du FBI, je ne vous retiens pas plus longtemps… » En même temps, il avait peut-être plus important à faire ou quelqu’un de plus intéressant que moi à aller voir. Le saluant d’un signe de tête et d’un petit sourire, je m’installais à côté du chien, lui caressant doucement la tête tout en fixant le mur devant moi. Je n’avais plus qu’à attendre le vétérinaire et à prendre mon mal en patience.

Rider ne se faisait pas d'illusions, la jeune femme ne s'intéressait à lui qu'à cause de son enquête et rien d'autre, alors autant arrêter de ce faire du mal pour rien. Si elle s'était vraiment intéressé à lui elle n'aurait pas répondu ce qu'elle avait répondu l'autre fois quand Rider lui a avoué avoir envie de la revoir. Si vraiment elle avait voulu le revoir elle aurait dit autre chose et ne l'aurait pas rejeté comme elle l'avait fait l'autre fois. Donc à quoi bon trainer trop longtemps par ici, pour un chien qu'il ne connaissait pas et elle non plus ? ça ne servirait à rien. Il avait été aimable et l'avait aider, elle ne pouvait pas lui reprocher ça et il l'aurait fait même sans cette enquête sur sa boite.
Rider fut encore plus déçu quand elle lui parla du numéro qu'elle avait dans ses dossiers. Elle aurait pu lui demander son numéro personnel, lui passer le sien ou même carrément lui demander son numéro de portable, ça ils n'étaient pas censé le connaitre avec l'enquête et c'était bien la preuve qu'elle se foutait totalement de le revoir. Alors pourquoi lui avoir proposé de le remercier ? Finalement c'était pas plus mal que Rider s'en aille.

"- D'accord. Merci."

Et Rider fit une légère moue, montrant bien et sans vraiment le vouloir qu'il était un peu déçu par la situation. Mais ce n'était la faute de personne, juste qu'il avait du mal à se raisonner quand au fait qu'il ne se passerait jamais rien avec cette femme. Elle était trop bien pour lui de toute façon et puis c'était comme ça, parfois certaines choses nous échappent comme les raisons de son attirance pour elle.
Rider pris donc la direction de la sortie, retrouvant sa voiture et le chien de son ami qui attendait tranquillement le retour de Rider afin d'être ramener dans son foyer.

Si seulement il n’y avait pas eu cette enquête, tout aurait pu être plus simple entre le jeune et moi. Et encore, je ne savais même pas si nous nous serions rencontrés s’il n’y avait pas cette histoire. Mais au moins, je ne serais pas là, dans un cabinet vétérinaire à essayer de me raisonner en me disant qu’il fallait que je le laisse partir alors que je n’en avais aucune envie. En même temps, je ne pouvais pas le retenir plus longtemps, je n’étais rien pour lui qu’une empêcheuse de tourner en rond avec son enquête alors je soupçonnais plutôt le jeune homme de n’en avoir rien à faire de mes remerciements. Il me demanda de lui donner des nouvelles du chien qu’il m’avait aidé à sauver. J’acceptais, ajoutant que j’avais son numéro dans le dossier. J’eus un petit sourire quand il me remercia et je ne sus comment analyser la petite moue qu’il fit à ce moment-là. Etait-il content d’être enfin débarrassé de moi ou était-il déçu de la tournure des évènements? Je ne saurais le dire, je n’étais pas dans sa tête. J’aurais tout à fait pu analyser facilement cette moue si je n’avais pas eu des sentiments pour le jeune homme. M’installant dans la salle d’attente, j’envoyais un sms à un collègue pour lui demander de m’envoyer le numéro de portable de Monsieur Wilkins et sa réponse ne tarda pas. Nous ne l’avions pas dans notre base de données, nous n’avions que son numéro professionnel. Cela n’allait pas être très pratique pour lui donner des nouvelles du chien. Attrapant un petit papier blanc, je notais mon numéro de portable avant de retourner sur le parking, espérant que le jeune homme y soit toujours. Je remarquais rapidement sa voiture et me permis de toquer à la fenêtre. « Excusez-moi mais je n’ai pas votre numéro de portable. Voici le mien. » Je lui tendis le petit morceau de papier, espérant qu’il m’enverrait un message pour que je puisse connaître son propre numéro de portable. Je retournais dans la salle d’attente, auprès du chien.

De plus Rider avait encore son propre chien à sortir, le sien était nettement plus calme et moins volumineux que celui de son ami et attendait patiemment à la maison que son maitre revienne. Par chance il n'était pas seul, il y avait aussi un chat à la maison et Rider avait un voisin qui avait la clef de chez lui afin de pouvoir sortir le chien s'il le fallait ou si Rider ne donnait pas signe de vie pendant plus d'une journée. Ils avaient mis cet accord en place et Rider lui rendait de petit services de temps en temps, c'était donnant donnant. Rider n'avait pas peur qu'un étranger entre chez lui, il n'avait rien à cacher de toute façon et si quelque chose manquait il saurait forcément qui pouvait en être responsable.
Il retourna donc à la voiture, s'installa et tandis qu'il allait mettre le moteur en route quelqu'un vint frapper à sa fenêtre. Rider l'ouvrit et remarqua la jeune femme qui était finalement venu pour lui donner son numéro de téléphone. Il fut surpris, agréablement surpris et pris le morceau de papier qu'elle lui tendait avant de la remercier.

"- Merci."

Et la laissa ensuite filer au chaud et ferma sa fenêtre. Il regarda le papier pendant quelques secondes avant de se décider à attraper son portable et finalement lui envoya simplement un "maintenant vous avez mon numéro" via sms tout en espérant qu'elle lui avait réellement donné son véritable numéro et non celui d'un parfait étranger. Et puis Rider rangea son téléphone et quitta le parking pour retourner d'où il venait. Il avait vraiment beaucoup de mal à cerner la jeune femme et ne savait pas s'il y parviendrait un jour.