S'il te plaît, parle-moi !

Comme chaque jour depuis trois ans, après les cours, je me rendis au ranch afin de m'occuper de Sky. Un cheval que mon père m'avait offert pour mon anniversaire, il y a deux trois ans. N'ayant pas la place sur la base militaire, mon mustang à la robe isabelle est donc resté au ranch de l'université. Bien sûr, j'ai mis mon veto à ce que des étudiants ne le montent ou ne s'occupe de lui. Si je venais tous les jours, c'était exprès pour m'occuper de lui et le monter.

Aujourd'hui, j'ai pu y aller plutôt vu que nous n'avions plus cours mais examens. Je passe toute l'après-midi à le monter et en enchaînant le trot et le galop. Je le fis même sauter au-dessus de quelques obstacles. Il était jeune et je tenais à ce qu'il fasse un minimum d'exercice pour rester en forme. J'aime les animaux, c'est ainsi et j'aime en prendre soin. C'est comme pour les deux chiens que nous avons à la maison, je ne cesse de m'en occuper lorsque j'en ai l'occasion.

Enfin, quoi qu'il en soit, après m'être baladée sur le dos de Sky pendant plusieurs heures, je le rentrai dans son box afin de pouvoir, le brosser et m'occuper de ses soins. Je pris chacune de ses pattes afin d'enlever la terre qui se trouvait sur ses fers avant de terminer par le brossage.

Alors que tout semblait si calme et tranquille, il a fallu qu'une personne de mon passé ne revienne faire surface. Cette personne n'était autre que ma mère. Juste au son de sa voix, j'ai su que c'était elle, puis personne, mise à part la famille, m'appelait Roxanne.  J'étais dos à elle et caressai la crinière de Sky ne sachant pas si je devais me retourner ou l'ignorer comme je le fais depuis six ans.

Six longues années où je ne lui avais plus adressé la parole. Mes frères et mon père avaient bien tenté de me faire réagir, mais rien n'y a fait. Je suis une Hopkins et dans la famille, nous sommes très têtues et surtout je suis assez rancunière dans mon style. Dire qu'avant tout cela, elle et moi avions été si proches. C'est vrai, je suis la seule fille de la fratrie, c'était donc couru d'avance que j'allais être proche de ma mère. Mais ceci, c'était avant… Avant que je ne la retrouve dans sa salle de repos à l'hôpital, en train d'embrasser cet homme. Depuis lors, je l'ai rayé de ma vie, car pour moi, c'était tout simplement impardonnable. Mon père risquait sa vie pendant qu'elle… Rien que d'y repenser ça m'énerve.

Mais je me demandai tout de même pourquoi elle était ici, pourquoi elle était à Burlington. Ne vaux mieux pas que cela soit pour renouer le contact, sinon, elle aurait perdu son temps. Après de longues secondes de silence, je pris une profonde respiration et finis  par me retourner face à elle.

- Que fais-tu ici ? Lançais-je sur un ton assez sec, sans un bonjour ou le moindre sourire. Je n'allais pas non plus jouer les gentilles filles alors que j'étais en froid avec elle. Mais si je devais être honnête, au tout profond de moi-même, je sentis un petit pincement en la revoyant depuis tant d'années d'absence, car malgré tout, même si je me bats à dire qu'elle n'est plus rien à mes yeux, elle reste néanmoins ma mère.

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S'il te plaît, parle-moi !

Je sens dans sa voix de l'hésitation et du stress, je ne laisse rien paraître, mais cela m'étonne venant d'elle. Je l'ai toujours connu avec une voix assurée, remplie d'assurance. Mais après tout, cela n'était-il pas normal ? Elle a merdé et bien ce qu'en pensent mes frères, c'est elle qui a fait exploser la famille en trompant papa avec ce fichu médecin, dont j'espère, ne plus jamais voir. Moi, je n'ai fait que dire tout haut ce que Garrett taisait, je ne pouvais pas supporter le fait qu'elle puisse trahir ainsi l'homme qu'elle se disait d'aimer.

Je suis consciente que d'être mariée à un militaire n'a pas dû être facile tous les jours, surtout le fait de ne jamais savoir où il a été envoyé ni pour combien de temps. Mais, à mes yeux, ce n'était pas une raison. Après tout, elle savait où elle mettait les pieds en l'épousant non ?

Quoi qu'il en soit, aujourd'hui, elle se tient là devant moi me demandant de lui accorder un moment pour qu'elle puisse me parler. Sincèrement, je n'ai qu'une envie, l'envoyer à la gare et lui dire de retourner à Quantico, que papa et mes frères, nous nous en sortions très bien sans elle. Mais voilà, il se trouve que ma curiosité est plus forte que mon mépris.

« Tu as de la chance que je sois de nature curieuse. » Lançais-je avant de lui tourner à nouveau le dos et prit une profonde respiration tout en caressant une dernière fois Sky pour ensuite sortir de son box. « Stanley, tu pourras nourrir Sky s'il te plaît, merci » Demandais-je à un gars qui travaillait ici afin de veiller sur les chevaux.

Je me retourne vers ma mère  et lui indique par un geste de la main, un banc situé pas très loin. Qu'avait-elle à me dire ? Il ne manquerait plus qu'elle m'annonce que je vais avoir un petit frère ou une petite sœur, car pas sûr que je le prends très bien, au contraire. Après tout, je suis très bien avec mes frangins, je n'ai pas besoin d'une personne en plus, encore moi si c'est une fille. Cela me plaît bien d'être la seule fille dans la fratrie. Allons, allons Roxy ! Ne te met pas une telle chose en tête. Cela m'étonnerait fortement que cela soit ça.

Je m'installe donc sur le banc et croise mes jambes ainsi que mes bras et au lieu d'avoir mon regard fixé sur elle, je le pose sur l'horizon. Un horizon qui donne sur la partie du haut de l'université, la partie qui n'est pas cachée par les grands arbres.

« Qu'as-tu dont à me dire… » M'exclamais-je toujours sur un ton froid et distant.

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