Angel avait vécu toute son enfance dans un internat religieux, une sorte de couvent, avec les Sœurs. Elle n'avait jamais connu la vie familiale auprès de parents aimants.

Les Sœurs n'avaient rien des parents aimants auxquels elle rêvait. Elles étaient très dures avec elle. Elles disaient agir au nom de Dieu, mais Angel doutait que Dieu soit si incompréhensif et si rigide.

Angel n'avait aucun luxe, rien qu'elle ne posséda, seulement à elle.

Les sorties à l'extérieur des limites de l'institution étaient rares et toujours accompagné de l'une des Sœurs Surveillante.

Angel ne connaissait que cet environnement terne et austère, qui chaque jour la rebutait davantage, bien qu'elle n'en montrât rien. Elle avait appris à cacher ses sentiments.

Elle faisait preuve de politesse et de serviabilité. Elle continuait de s'acquitter de ses tâches. Elle priait de longues heures durant. Mais ce que les Sœurs ne savaient pas, c'est qu'elle utilisait ces longues heures de prières à échafauder son plan. Elle avait maintenant 17 ans.

Angel voulait partir, oui, elle voulait partir. Elle voulait être libre, faire ce qu'elle aurait décidé, quand elle l'aurait décidé. Elle ne voulait pas être Sœur, elle ne voulait pas servir Dieu. Elle ne voulait pas vivre dans cette vie de privations. Angel avait envie d'autre chose et tant pis si c'était mal. Oui, elle allait partir.

Elle devait partir la nuit. Et c'est ce qu'elle fit la nuit suivant son dix huitième anniversaire. Elle alla se coucher à la tombée de la nuit, comme à tous les soirs. Elle enfila sa robe de nuit et s'étendit sur son petit lit de fer, au centre de tous ces autres petits lits de fer. Elles étaient huit à dormir dans cette pièce.

Angel n'avait glissé mot à personne de ses projets, même pas à celles qui se croyait ses amies. Elle voulait agir seule et qu'on ne s'aperçoive de sa disparition qu'au petit matin. C'était primordial.

Et tel qu'elle l'avait prévu, minuit sonné, tout le monde dormait d'un sommeil de plomb, la voie était libre à l’exécution de son plan.

Et c'est ainsi que retirant sa robe de nuit qui couvrait sa tenue d'écolière de bons couvents, elle prit le chemin du bureau de Sœur Marie pour s'emparer des recettes des ventes des produits d’artisanats, 752$ exactement. Angel le sourire aux lèvres s'imagina dérober une fortune et rêvait déjà de tout ce qu'elle pourrait se permettre. Toujours sur la pointe des pieds, elle s'enfuit par la porte des employés de la cuisine qui menait directement à la liberté.

Et s'emplissant les poumons de cette liberté nouvelle, elle courut jusqu'à perdre le souffle savourant chaque mètre qui la libérait de cet orphelinat qui l'avait oppressé toute sa vie. Oui Angel allait commencer une nouvelle vie, une vie pleine de plaisirs, d'amour et de folies, tout ce qu'elle n'avait jamais connu et qui lui faisait tant envie.

Angel prit 2 autobus.

Errant dans les rues, s'emplissant les yeux d'un monde qui lui avait toujours été interdit, la surexcitation laissait tranquillement place à la fatigue, elle s'endormit sur un banc.

Se réveillant avec le bruit des passants, elle reprit ses esprits. Où allait-elle aller maintenant. Elle marcha, déambulant dans les rues, avec le sentiment d'une liberté nouvelle. Elle marcha jusqu'à arriver à la pancarte d'une ville qui s'appelait Burlington. Elle pensa qu'il lui fallait se poser quelque part. Àprès, elle réfléchirait à ce qu'elle ferait. Et c'est arrivée à Burlington, qu'elle prit la décision que ce serait là son nouveau foyer.