Mon passé, mon présent
Je suis né à Chicago par un beau jour de printemps, j'ai poussé mon petit cri en le faisant résonner dans la salle d'accouchement et je faisais la fierté de mes parents très croyants. J'ai des origines vénézuélienne de par mes grands-parents qui ont immigrés à Chicago il y a plusieurs années pour fuir la pauvreté de leur pays. Mon enfance à été on ne peut plus calme, rythmée entre l'école, les copains et les passages obligatoire à l'église le dimanche. C'est à l'adolescence que les choses se sont corsées, quand j'ai découvert que je n'étais pas attiré par les filles mais bien par les garçons, chose absolument inconcevable dans ma religion, c'est un aller simple pour brûler en enfer !
Mais on ne peut pas lutter continuellement contre soi-même, aller contre sa nature et ses envies indéfiniment et j'ai craqué sur un beau garçon qui a croisé mon chemin. J'avais confié mon secret à une seule et même personne, ma meilleure amie, elle m'a conseillé, épaulé et accepté sans le moindre jugement ou dégoût, c'est quelqu'un de formidable.

J'avais seize ans quand j'ai pris mon courage à deux mains et que j'ai avoué à mes parents que j'étais homosexuel. Leur réponse a été la plus radicale possible, ils m'ont littéralement foutu dehors sans même me laisser le temps de prendre ne serait-ce qu'un sac. Au départ des amis m'ont hébergés un jour ou deux puis très vite j'ai compris que je gênais. Je n'en ais pas parlé à ma meilleure amie parce que bien qu'elle soit riche, j'avais peur de devenir son fardeau à elle aussi. Je me suis retrouvé à la rue, j'ai du quitter l'école aussi.
Pendant dix mois j'ai dormi sous des ponts ou des cartons et mangé ce que je trouvais dans les poubelles. J'ai aussi fait parfois de mauvaises rencontres, pris des coups mais c'est une partie de ma vie dont je ne parle que rarement voir jamais.

Un jour, mon amie a fini par me retrouver et ne m'a pas laissé d'autre choix que de la suivre, elle a un sacré caractère et m'a littéralement traîné chez elle. Elle a pris soin de moi comme personne ne l'avait fait depuis longtemps, elle m'a remis sur pied, m'a aidé à me reconstruire. Grâce à elle j'ai pu faire une formation et j'ai découvert que j'étais plutôt doué pour façonner le bois.
J'avais dix neuf ans lorsque j'ai enfin eu mon chez moi, un petit studio qui payait pas de mine mais c'était ma maison. C'est quelque temps après que j'ai rencontré mon premier amour. Il était plus âgé, avocat, il était beau. Il était parfait, sans doute un peu trop et moi carrément naïf et sans expérience.
On est resté un an et demi ensemble, ça s'est arrêté le jour où je l'ai découvert en train de s'envoyer en l'air avec un autre. J'ai aussi appris qu'il y en avait eu d'autres, beaucoup d'autres...

Ce jour-là j'ai décidé que je ne tomberais plus jamais amoureux, l'amour c'est bien pour les autres, moi ça ne m'avait attiré que de la douleur, j'avais perdu mes parents, mes idéaux et mon coeur.
Je me suis plongé à corps perdu dans le travail, j'ai créé avec mes mains des pièces uniques en bois. Grâce à ma meilleure amie qui s'est chargée de me faire connaître, je me suis fait un nom, je me suis créé un site internet et je fais des pièces à la demande, unique et faites main. Je suis un artisan ébéniste qui peut faire aussi bien une table qu'une sculpture en bois. Ma clientèle est bien souvent de la haute société ce qui fait que je gagne vraiment bien ma vie, il est bien loin le temps où je fouillais les poubelles pour trouver un peu de nourriture.

Malgré ma vie de solitaire, j'ai décidé de ne pas abandonner mes rêves de fonder une famille. J'ai donc fais appel à une mère porteuse et je suis devenu un jeune père très heureux.
Mais je ne voulais pas rester à Chicago et prendre le risque de croiser un jour mes parents pour qu'ils veuillent faire partie de la vie de mon fils, mon petit Kevan. Alors j'ai décidé de déménager et je suis parti dans le Vermont. Ma meilleure amie n'a pas voulu me suivre, peut-être qu'un jour elle changera d'avis, qui sait.

J'ai une petite vie tranquille, installé dans une petite maison au calme en plein coeur d'une résidence. Mon fils grandi vite et avec ses un an et demi, je passe mon temps à lui courir après et à travailler pendant ses siestes.
Je suis heureux même si il me manque quelque chose dans ma vie pour l'être pleinement, je n'ai en tout cas plus d'espoir à ce sujet et je ne suis pas certain de vouloir faire entrer un étranger dans la vie de mon enfant, il est ma famille, tout ce que j'ai.